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Trois bonnes raisons de bouder les Cantonales

« Le Parti pris » d'Hervé Gattegno, c'est tous les matins à 7h50 sur RMC du lundi au vendredi.

« Le Parti pris » d'Hervé Gattegno, c'est tous les matins à 7h50 sur RMC du lundi au vendredi. - -

C’est le 1er tour des élections cantonales ce dimanche. On vote dans 2023 cantons pour renouveler les conseillers généraux. Ce vendredi matin, Hervé Gattegno vous propose quelques raisons de vous désintéresser du scrutin.

Les cantonales, c’est de la provocation ! Evidemment, pour les journalistes, les politologues, les politiques eux-mêmes, il y aura de quoi commenter, analyser. Mais enfin, sans aucun mépris pour ce scrutin ni pour les élus qu’il va permettre de désigner, disons que ce qui se passe dans le monde en ce moment – entre la tragédie du Japon, la guerre en Libye, et quand-même la crise financière qui est loin d’être finie, ça relativise beaucoup l’importance de ce vote. Il y a un décalage immense. C’est l’infiniment petit électoral, par rapport à l’infiniment grand (et l’infiniment grave) de la situation internationale.

Quand-même, les conseils généraux, c’est utile. Ils gèrent les collèges, les routes, beaucoup d’aides sociales… On ne peut pas s’en passer !
Ce sont les compétences qui sont indispensables, pas les départements ! Tout le monde sait que les conseils généraux sont des structures obsolètes et coûteuses. Nicolas Sarkozy voulait d’ailleurs les supprimer mais il a renoncé – en France, supprimer un échelon administratif, c’est pire que d’annoncer que tout le monde va travailler le dimanche ! Du coup, on a créé des conseillers territoriaux qui siègeront, à partir de 2014, à la fois dans les conseils généraux et dans les régions. Donc les élus du scrutin de cette année ne feront que la moitié d’un mandat. Eh bien vous allez voir que les Français ne vont se déplacer… qu’à moitié. Peut-être même moins !

En effet, tout le monde s’attend à un fort taux d’abstention. Et-ce que ça peut atténuer la défaite annoncée de l’UMP ?
Oui. Et donc relativiser le succès du PS, si c’en est un. Les socialistes détiennent 58 départements (42 pour la droite). Ils espèrent en conquérir entre 1 et 7. C’est d’abord sur ce résultat qu’on jugera leur performance. Parce qu’en réalité, c’est un scrutin assez bizarre, où l’on ne vote que dans la moitié de chaque département. Dans les zones rurales, la population se sent généralement plus concernée : elle vote plus, et son vote est plus centré sur les enjeux locaux. Dans les villes, on voit ça de plus loin, mais de façon plus politique. Donc, tout ça est difficile à interpréter. Ça a du sens d’aller voter ; mais ce n’est pas forcément un vote qui a du sens. En tout cas une signification politique nationale.

Il y a quand-même un enjeu national. C’est la dernière fois que les Français votent avant la présidentielle de l’an prochain. Ils peuvent exprimer des soutiens, des impatiences, des colères…
On va évidemment regarder avec attention le score du FN – avec cette précision qu’il ne présente pas de candidats dans presque un quart des cantons concernés. Donc attention : le score national qui sera affiché dimanche ne donnera pas la juste mesure de l’influence du FN. Ce sera une indication. Et la même observation vaut pour le Front de gauche. Les Verts, eux, risquent fort d’être un peu surévalués par les résultats, compte tenu de l’effet Fukushima et de la peur qu’inspire la situation au Japon. Bref, on peut déjà parier que dimanche soir, tous les partis vont trouver une raison de se féliciter. Vous pouvez être sûr qu’ils vont tous aussi se désoler du taux d’abstention. Si vous avez envie de les surprendre, ça peut être une bonne raison d’aller voter quand-même !

Ecoutez « Le parti pris » de ce vendredi 18 mars avec Hervé Gattegno et Jean-Jacques Bourdin:

« Trois bonnes raisons de bouder les cantonales »

La Rédaction, avec Hervé Gattegno