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Visas: pourquoi la mission confiée à Paul Hermelin, PDG de Capgemini, fait débat

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Dans "Apolline Matin" ce mercredi sur RMC et RMC Story, Nicolas Poincaré s’intéresse au parcours de Paul Hermelin, PDG de Capgemini, qui a été chargé par l’Etat d’une mission sur la politique française des visas.

Paul Hermelin, le président de Capgemini, s’est vu confier une mission sur la politique française des visas. Il n’est pas connu du grand public et son entreprise non plus, parce que Capgemini ne s’adresse pas au grand public. C’est un géant mondial des services informatiques et du conseil. On pourrait dire que c’est le Microsoft français. Et c’est à Paul Hermelin que Capgemini doit son développement mondial. Il en a été nommé PDG en 2002 et en quelques années, il a triplé le chiffre d'affaires, porté les effectifs à 270.000 employés dans le monde dont une majorité d'ingénieurs, et beaucoup en Inde…

Paul Hermelin est né en Belgique mais il a grandi dans un quartier populaire d'Avignon, une ville dont il est ensuite devenu conseiller municipal socialiste. Il était fou de rock anglais et il l’est toujours. A 70 ans, il ne passe pas une journée sans écouter de la musique.

Son parcours est typique des grands patrons français. Premier de la classe, Polytechnique et l’ENA, puis les cabinets ministériels. Il est directeur de cabinet de Dominique Strauss-Kahn à Bercy. Puis à 40 ans, il bascule vers le privé et entre à Capgemini.

Capgemini plus sollicité que McKinsey

Mais aujourd’hui, la mission qu’on lui a confiée fait débat. Il est chargé d’un audit sur la politique des visas de la France. Une mission d'évaluation pour le ministère de l'Intérieur et celui des Affaires étrangères, pour améliorer le traitement des demandes de visas dans les ambassades du monde entier. Une mission qu’il va mener bénévolement sans impliquer aucun salarié de Capgemini. Mais en s'appuyant sur les services des ministères.

Sauf que ce n’est pas du goût de tout le monde. Le journal Le Monde, qui révèle l’affaire, cite des hauts fonctionnaires qui jugent cette mission étrange. Une mission qui laisse penser que le privé serait plus compétent que le public.

L’affaire survient un an après ce que l’on avait appelé le scandale McKinsey, la révélation de la grande place occupée par les cabinets de conseil dans le fonctionnement de l’Etat. Une commission d'enquête sénatoriale avait dénoncé l’emprise “tentaculaire” de ces cabinets sur l’appareil d’Etat. Or le cabinet qui avait reçu le plus de commandes publiques n'était pas McKinsey, c'était largement Capgemini. Le gouvernement s'était alors engagé à réduire la place des cabinets de conseil. Ce n’est pas le signe qui est donné par cette mission confiée à Paul Hermelin.

Nicolas Poincaré