Visite du roi Charles III: pourquoi la France ne peut pas se rater
Le roi d'Angleterre Charles III arrive ce mercredi en France. Et il sera reçu en grande pompe, avec le maximum d’apparat, comme tous les souverains britanniques lorsqu’ils viennent en France. Comme si la République française voulait montrer que certes, on a coupé la tête de Louis XVI, mais que malgré tout on sait vivre et on sait recevoir. Il y a une expression pour cela. On dit être plus royaliste que le roi. Et puis il y a une autre raison. C’est que l'Angleterre est le pays contre lequel on a le plus souvent fait la guerre. On parle de la guerre de Cent Ans, mais ce sont plutôt 400 ans de guerre qui nous ont opposés.
Pour oublier ce très lourd passif, on a ensuite trois fois signé des traités d’amitié, les fameuses “ententes cordiales”. Et pour célébrer cette entente, on a pris l’habitude de recevoir les souverains britanniques avec faste. La reine Victoria a été la première à revenir en France en 1855. La première depuis la fin de la guerre de Cent Ans. Et depuis, tous les souverains britanniques sont venus en France. Elizabeth II, par exemple, a effectué cinq visites d’Etat, plus de nombreuses visites privées. Elle a reçu ou été reçue par tous les présidents français, de René Coty à Emmanuel Macron. Cela fait quand même neuf présidents pour une seule reine.
Charles III, lui, avait prévu de venir en France en mars dernier. Une visite qui, encore une fois, devait être un signe fort, un symbole de l’entente cordiale, puisque ce voyage devait être le premier du roi à l’étranger, juste après son couronnement. Il avait choisi de se rendre d’abord en France puis immédiatement après en Allemagne.
La visite reportée à cause de la réforme des retraites
Sauf que la France était en ébullition. Emmanuel Macron venait d'annoncer que la réforme des retraites allait être adoptée par le 49.3. Une annonce qui avait provoqué des manifestations sauvages. Les poubelles brûlaient toutes les nuits à Paris mais également à Bordeaux, où devait aussi se rendre Charles III. Emmanuel Macron avait jusqu’au bout espéré pouvoir maintenir cette visite. Mais, au dernier moment, elle avait été annulée.
Le programme prévoyait un grand dîner au château de Versailles, dans la galerie des Glaces, qui passait mal dans ce climat révolutionnaire. Le lieu le plus monarchique de France, cette pièce de près de 1.000 m² avec ses 357 glaces et ses 13 mètres de hauteur sous plafond. Elle a été imaginée pour illustrer le pouvoir absolu et la toute-puissance du roi de France, en l'occurrence Louis XIV. Et aujourd’hui, elle permet régulièrement de faire briller la République française.
La jeune reine Elizabeth II avait déjà été invitée à un dîner de gala dans la galerie des Glaces en 1957. En 1982, François Mitterrand, qui se prenait un peu pour un monarque, avait réuni le G7 à Versailles. Emmanuel Macron a déjà utilisé le château pour tenter d'éblouir Vladimir Poutine. Et en mars dernier, il souhaitait offrir un très grand dîner au nouveau roi d'Angleterre. Sauf que cette réception, en pleine révolte contre la réforme des retraites, apparaissait vraiment comme une provocation.
Le dîner à Versailles aura bien lieu
La visite a été reportée mais le dîner à Versailles est maintenu. Il aura lieu ce mercredi et on a mis les petits plats dans les grands. Environ 160 invités assis autour d’une seule table. Un orchestre avec un violoniste de renommée mondiale. Et dans les assiettes, de la haute gastronomie. La chef Anne-Sophie Pic est chargée de l’entrée avec une consigne: pas de foie gras. Le roi n’aime pas ça, au nom de la défense du bien-être animal. Le plat sera réalisé par Yannick Alléno et le dessert par Pierre Hermé.
Le programme de la visite prévoit un autre moment très monarchique, une descente des Champs-Elysées. Emmanuel Macron et le roi seront dans une voiture, leurs épouses, Camilla et Brigitte, suivront dans une autre. Une visite du chantier de Notre-Dame de Paris est également prévue, avant un déplacement à Bordeaux. C’est la tradition et la France éternelle qu’Emmanuel Macron veut montrer au roi d'Angleterre.