Pourquoi la proposition de DSK d'annuler la dette grecque est une idée intéressante

Dans sa chronique "Guénolé du concret", à 7h20 sur RMC, le politologue Thomas Guénolé nous explique pourquoi la dernière proposition de DSK sur la dette grecque mérite d’être étudiée.

Vous souhaitez rebondir sur les propos sur Twitter de Dominique Strauss Kahn…

Absolument. En résumé, DSK propose d’effacer l’essentiel la dette grecque, mais en échange, on arrête de les aider. Le mécanisme de la dette grecque est idiot. Les gens ne le savent pas, mais les aides des pays européens et du FMI servent à payer les traites que la Grèce doit aux pays européens et au FMI. C’est un circuit fermé. Quand on dit que les Grecs vont rembourser leur dette, c’est impossible. Les gens doivent le comprendre. Même s’ils étaient en excédent budgétaire, ce qui serait un miracle, ça leur prendrait 180 ans pour rembourser leur dette. Et pour atteindre les objectifs européens ça leur prendrait 120 ans.

Les Grecs n’ont pas été assez punis, c’est vrai ou faux ?

Dans le pays, la mortalité infantile est en hausse de 43%, le nombre de dépressifs a quadruplé, le nombre de chômeurs a triplé, et le taux de pauvreté a doublé. On peut considérer qu’ils ont suffisamment payé.

Le pays va céder aux exigences de la Troïka ?

C’est faux. Dans les enquêtes d’opinion, les Grecs soutiennent massivement leur gouvernement dans les épreuves diplomatiques en cours. Alexis Tsipras a annoncé un referendum pour ou contre les exigences de la troïka. Et le non devrait l’emporter haut la main

DSK propose donc de couper la poire en deux ?

Oui, d’un côté, le FMI et les pays européens effacent la dette grecque - inutile de remplir pour rien le tonneau des Danaides. Mais de l’autre côté, le pays ne touchera plus aucune en aide. Il devra se débrouiller pour équilibrer son budget, mais sans la dette ce sera plus facile. Cela parait raisonnable.

Thomas Guénolé