Quand les contribuables s'en prennent aux agents du Fisc

Les agressions dans les centres de finances publiques se multiplient . - AFP
Quand le "ras le bol fiscal" monte d'un cran. Il y avait les incivilités, les insultes, les agressions physiques de contribuables excédés... Désormais, les agents du fisc se sentent en première ligne face à la "fronde fiscale" qui s'étend en France.
Le mois dernier, en une dizaine de jours à peine, trois centres des finances publiques - à Morlaix, Questembert et Albertville - ont ainsi été les cibles d'incendies. D'autres sites de l'administration fiscale ont été le théâtre d'actes "anti-impôts", comme ceux de Balma et Sarrebourg devant lesquels du fumier a été déversé.
"Il y a deux semaines, on a vu une chaise voler"
Frédéric, qui travaille au guichet d'un centre d'impôts à Paris, constate chaque jour la colère des contribuables. "Il y a deux semaines, on a vu une chaise voler. On sent une exaspération qui est au maximum. Il peut arriver n'importe quoi", s'alarme-t-il sur RMC.
La situation est telle que lui et ses collègues ont pris une décision troublante. "On ne laisse rien trainer sur les bureaux, pas d'agrafeuses ou autres", avoue-t-il. "Cela limite le risque de se prendre quelque chose dans la figure...".
"Un cercle infernal"
"A force de parler de ras-le-bol et de haut-le-cœur fiscal, à force d'avoir un discours des responsables politique sur les fonctionnaires, implicitement on désigne une cible: les fonctionnaires des finances publique", dénonce Vincent Drezet, secrétaire général de Solidaires-Finances publiques, premier syndicat des impôts.
"Il faut rompre ce cercle infernal. Cela suppose de changer de discours. Lorsqu'on s'adresse au chef du gouvernement, on s'adresse à quelqu'un qui a la capacité de porter un autre discours et d'influer sur le débat public. En tous cas, il est chef du gouvernement et a aussi cette responsabilité".
La semaine dernière, Solidaires-Finances publiques, a demandé une audience à Manuel Valls, "de toute urgence", en se disant "inquiet" et "révolté" de la situation. Aucune réponse de la part de Matignon. En revanche, Christian Eckert, le secrétaire d'Etat au Budget, se rendra auprès des agents à Morlaix la semaine prochaine.