Qui est Robert Hébras, survivant du massacre d’Oradour-sur-Glane, décoré par Emmanuel Macron?
Robert Hébras, survivant du massacre d’Oradour-sur-Glane pendant la Seconde guerre mondiale, a été promu commandeur de l’Ordre national du mérite par Emmanuel Macron ce mardi.
Robert Hébras avait 19 ans, ce 10 juin 1994. C’était quatre jours après le Débarquement. La division SS Das Reich remontait vers la Normandie. La résistance limousine tentait de freiner sa marche. En représailles, les Allemands ont décidé de massacrer la population d’un village, Oradour-sur-Glane. Les hommes ont été fusillés dans des granges, les femmes rassemblées dans l'église et brûlés vives. 643 morts dont 254 femmes, 207 enfants et bébés.
Six habitants d’Oradour ont survécu, dont le jeune Robert Hébras qui s’est caché sous des cadavres. Il a fini par réussir à s’enfuir malgré ses blessures. Sa mère et ses deux sœurs ont péri dans le massacre.
Les jours suivants, Robert Hébras rejoint les maquis de la résistance. Puis, après la guerre, il a fait une carrière de garagiste à Limoges.
Mais il a surtout consacré sa vie à témoigner. Pendant des années, il a conduit les visiteurs dans les ruines d’Oradour, puisque rien n’a bougé dans le village. Encore aujourd’hui, tout est resté en l’état… On voit par exemple un vieux landau rouillé à côté de l'église. Et Robert Hébras, inlassablement, a raconté pendant des années ce qu’il s’est exactement passé.
>> Tous les podcasts de Nicolas Poincaré sur RMC
Des Alsaciens enrôlés de force parmi les SS
Mais son témoignage n’a pas toujours plu à tout le monde… Parmi les SS, se trouvait une quinzaine d’Alsaciens, ceux que l’on appelle les "Malgré-nous”, enrôlés de force par les Allemands.
Sauf que Robert Hébras considère que ces Alsaciens étaient des bourreaux comme les autres. Il a raconté un jour qu’ils se moquaient des victimes en leur parlant en français en les conduisant vers les lieux d'exécution…
En 1953, il avait témoigné contre eux lors d’un procès à Bordeaux. Puis des années plus tard, dans un livre, il avait écrit ce commentaire: "Les Alsaciens ‘soi-disant’ enrôlés de force".
Pour cette phrase, il a été condamné en 2012, a payé 10.000 euros de frais de justice aux descendants des "Malgré-nous”. Une somme qu’il n’avait pas. Finalement, la Cour de cassation a annulé cette condamnation.
Mardi, dans le discours du président de la République, il n'a pas été question de cette polémique. Mais Robert Hébras, à 96 ans, n’a pas oublié lui qu’il y avait des Français parmi les assassins…