Refus d'inhumer un bébé rom: "Le maire veut mettre la pression sur le préfet"

Vue du cimetière de Champlan, dans l'Essonne, dont le maire est accusé d'avoir refuser l'inhumation d'un bébé rom sur sa commune. - Kenzo Tribouillard - AFP
Le maire de Champlan dans l'Essonne s'excuse et plaide "l'erreur administrative". Associations et élus lui reprochent toujours d'avoir refusé l'enterrement d'un bébé rom dans sa commune. Lui continue de nier. En guise de bonne foi, il propose que l'inhumation puisse finalement avoir lieu à Champlan. Mais ce lundi matin, l'enterrement aura bien lieu à Wissous, commune voisine dont le maire a proposé d'accueillir les obsèques par "soucis d'humanité".
"Ni moi ni le maire n'ont donné un refus"
Si le maire, Christian Leclerc, nie avoir refuser l'inhumation sur sa commune, Julien Guenzi, gérant d’une entreprise de pompes funèbres, assure avoir bien reçu mercredi dernier un appel sans ambiguité de la mairie de Champlan. "J'ai eu un appel d'une personne de l'état-civil de la mairie. Elle m'a dit que c'était monsieur le maire qui ne voulait pas que l'inhumation ait lieu sur la commune". C'est un malentendu, nuance sur RMC Jean-Michel Rey, premier adjoint à Champlan. Selon lui, le maire a juste dit qu’il préférait voir l'enfant être enterré ailleurs. " Pour des raisons de place, de facilité… On préférait que cet enfant soit enterré sur Corbeil (une commune voisine, NDR). En tout cas, ni moi ni le maire n'ont donné un refus."
Aujourd'hui, les élus de la commune et des villes voisines qui connaissent Christian Leclerc, le maire de Champlan, se demandent comment l'édile a pu en arriver là. C'est le sentiment de Jean-François Castell, élu socialiste d'opposition, qui était l'invité de Jean-Jacques Bourdin ce lundi matin. "J'ai été vraiment surpris de cette décision du maire, parce que jusqu'à maintenant cela ne se passait pas si mal. Il y avait eu un effort pour la scolarisation des enfants roms présents sur la commune. Les choses étaient plutôt bien menées, ce n'était pas un sujet de polémique entre le maire et moi. A sa place je n'aurais pas fait mieux dans la gestion" du camp de rom installé sur la commune.
"Ce n'est pas à un village de 2.500 habitants de gérer cela"
Mais pour Jean-François Castell, "les choses se sont dégradées lorsque le maire a fait un courrier à ses administrés, en novembre, précisant qu'un enfant de la communauté rom scolarisés à l'école de Champlan était porteur d'une maladie infectieuse, que c'était grave et que tous les enfants des habitants de Champlan seraient contaminés. Alors même qu'il avait les informations comme quoi l'enfant n'était pas contagieux. Il a commencé une première fois à flanquer la trouille à la population pour faire pression sur le préfet (pour qu'il fasse évacuer le camp de rom) et là je pense qu'il est sur la même logique".
"Une commune de 2.500 habitants à qui on refile ce problème mais à qui on ne donne pas de soutien pour gérer ces questions-là est un peu démunie", souligne toutefois l'élu d'opposition. "Moi je dis qu'ils ne vivent pas dans des conditions décentes et que cela ne peut pas continuer (…). Mais ce n'est pas à un village de 2.500 habitants de gérer cela", conclu Jean-François Castell.
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