Regain de tension à l'Assemblée à l'approche des élections

PARIS (Reuters) - Le climat est de plus en plus tendu à l'Assemblée nationale lors des séances de questions au gouvernement les mardis et mercredis au fur et à mesure qu'approchent les élections du printemps.
Une passe d'armes a opposé mercredi le Premier ministre, François Fillon, au président du groupe socialiste, Jean-Marc Ayrault, à propos de l'abstention la veille du PS sur le texte relatif au Mécanisme européen de stabilité (MES).
"Vous n'avez plus la force de distinguer l'intérêt général et l'intérêt électoral à court terme", a lancé François Fillon à l'adresse des socialistes.
Le "patron" des députés PS a reproché au chef du gouvernement de soutenir "le candidat du reniement".
"En matière de reniement vous êtes un expert", lui a répondu le Premier ministre.
Le socialiste Bruno Le Roux, un des porte-parole de François Hollande, a adressé une volée de bois vert au chef du gouvernement pour n'avoir pas participé au scrutin en juin 1992 lors d'une réunion du Parlement réuni en Congrès à Versailles sur un texte relatif au traité de Maastricht.
"Vous n'avez ni mémoire, ni courage", a-t-il lancé au Premier ministre qui a alors laissé son ministre des Finances, François Baroin, lui répondre.
"UN PEU DÉSOLANT"
"C'est la fin de la législature, on connaît un peu tous les arguments et je pense que la droite est en difficulté", explique
Jean-Patrick Gille (PS).
"C'est assez étonnant de voir que leurs questions consistent à interroger leurs propres ministres sur ce qu'ils pensent du projet socialiste. Ça sent une majorité qui est à bout de souffle", ajoute le député PS de l'Indre-et-Loire.
Pour l'UMP Valérie Boyer, la présidentielle qui approche explique le regain de tension à l'Assemblée.
"On est en campagne, dit-elle. Les socialistes ont commencé à amorcer les tirs depuis janvier."
"C'est vrai que ce n'est toujours pas très élégant et qu'en ce moment l'Assemblée nationale est dans la campagne. Donc c'est normal", ajoute la députée des Bouches-du-Rhône.
"Le spectacle donné dans l'hémicycle est un peu désolant. Certains ténors du Parti socialiste répètent en boucle les mêmes questions", accuse-t-elle.
Le président de l'Assemblée, Bernard Accoyer (UMP), qui préside ces séances, doit mobiliser toute son énergie et son savoir-faire pour calmer les uns et les autres et éviter des débordements et dérapages comme celui, il y a deux semaines, opposant le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, au député apparenté PS de la Martinique, Serge Letchimy.
Il reste encore deux séances de questions au gouvernement avant que le Parlement suspende ses travaux pour cause de campagne électorale pour la présidentielle (22 avril et 6 mai) et les législatives (10 et 17 juin).
Une séance de questions au gouvernement est prévue le mardi 28 février. Celle du mercredi 29 a été remplacée par un débat préalable au Conseil européen. La dernière séance de questions au gouvernement de la XIIIe législature est prévue le 6 mars.
Emile Picy, édité par Patrick Vignal