Renforcement du contrôle des chômeurs: "Je trouve ça tout à fait normal"

Pour s'assurer que les demandeurs d'emploi sont bien à la recherche d'un travail, Pôle emploi va mobiliser à cette tâche 200 postes en équivalent temps plein à partir du mois d'août. C'est ce qu'a décidé, ce mercredi, le conseil d'administration de l'opérateur public.

Pôle emploi généralise la chasse aux fraudeurs. A partir d'août prochain, 200 agents de contrôle vont être déployés sur tout le territoire. Leur mission : vérifier que les chômeurs recherchent activement un travail. En effet, selon ses estimations, en 2014, ces fraudes ont coûté 120 millions d'euros à l'organisme. Un record et une augmentation de 20% par rapport à l'année précédente. Mais qu'en pensent les chômeurs? RMC est allée leur poser la question.

"Il y a des abus"

Et devant cette agence Pôle emploi à Paris, Erika en est convaincue: il faut renforcer les contrôles. "Je trouve ça tout à fait normal. Moi, concrètement, je cherche du boulot et j'en trouve tout le temps. Je ne comprends pas que certains n'en trouvent pas. C'est donc qu'il y a des abus", estime-t-elle. Xavier ne dit pas autre chose: "Il y a très peu de contrôles. On peut aller six mois au Bahamas, prendre des vacances et se connecter sur Internet pour cocher la case comme quoi on est en train de chercher du boulot. Je trouve donc normal qu'il y ait plus de rigueur".

A noter que le nouveau dispositif présenté par Pôle emploi a été expérimenté pendant 10 mois entre 2013 et 2014 dans les régions Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), Franche-Comté et Poitou-Charentes. Au total 6 000 chômeurs avaient été contrôlés. Y a-t-il eu tant d'abus que cela? Au final, 8% des personnes contrôlées en Paca, 15% de celles de Poitou-Charentes et 35% de celles de Franche-Comté ont été radiées pour quinze jours, la sanction prévue en ce cas, ce qui a entraîné la suspension des allocations pour ceux en percevant.

Repérer les chômeurs découragés

Des chiffres en trompe-l'œil selon Pierre-Edouard Magnan du Mouvement national des chômeurs et précaires. "Ces écarts de chiffres révèlent que plus on a fait le contrôle de manière dématérialisé, par un questionnaire sur Internet par exemple, plus on a radié. Mais plus on a rencontré les chômeurs en face-à-face, en prenant le temps de discuter avec eux, moins on a radié", assure-t-il. Et d'ajouter: "En réalité, parmi ceux qui ne cherchent plus, il y a beaucoup de gens qui sont découragés ou qui cumulent les problèmes. La question est donc de savoir comment on soutient, on aide, on accompagne les demandeurs d'emploi".

Cela tombe bien, repérer les chômeurs découragés pour mieux les accompagner est l'objectif affiché de Pôle emploi. Mais Jean-Charles Steyger, délégué syndical FSU Pôle emploi, n'en croit pas un mot: "Accompagner et conseiller des personnes dans l'insertion professionnelle, ce n'est pas les contrôler et surtout ce n'est pas les sanctionner. Parce qu'au final ce que risquent les personnes contrôlées, c'est une radiation minimum de quinze jours, maximum six mois pendant laquelle ils ne percevront aucun revenu".

Maxime Ricard avec Victor Joanin