Revenu de base universel: ce qu'en pensent les économistes et les politiques

- - AFP
Y-aura-t-il bientôt un revenu de base universel en France ? C'est en tout cas l'une des propositions du Conseil national du numérique. Un rapport a été remis hier à la ministre du Travail Myriam El Khomri. Le rapport propose des pistes pour mieux protéger les salariés face aux bouleversements numériques du monde du travail et ce qu'on appelle "l'uberisation" de la société, la mise en relation directe entre une entreprise et un client via son smartphone.
La principale proposition est la création d'un "revenu de base universel", un revenu qui serait assuré par l'Etat pour tous les Français, qu'ils aient ou non un travail. Objectif: rationaliser le système d'aides et surtout permettre aux nouveaux travailleurs indépendants d'avoir un salaire de base minimum, et donc d'être mieux protégés. Mais cette mesure est loin de faire l'unanimité.
POUR - Julien Bayou, porte-parole d'EELV:
"C'est vraiment une révolution. C'est un changement de civilisation. On a besoin du revenu universel pour assurer la protection de tous. Avec la précarisation du travail, il y a de plus en plus de personnes en CDD, en freelance, d'auto-entrepreneurs… Du coup, la protection sociale du XXème siècle n'est plus adaptée. Avec un revenu universel on assure donc la protection intégrale de tout le monde et en plus on donne des armes à ceux qui sont déjà en emploi pour obtenir de meilleures conditions de travail".
POUR - Brice Chapignac, fondateur d'une start-up:
"Je trouve ça bien puisque je connais beaucoup de start-up, dans des situations parfois précaires. C'est-à-dire qu'ils ont une bonne idée mais même cette bonne idée ne va pas aboutir à cause d'un manque de revenus de subsistance suffisant. Par exemple, un de nos co-fondateur n'a touché aucun salaire pendant un an pour le travail effectué lors de la création de l'entreprise. Je trouve donc bien les initiatives qui permettent de booster les métiers du numérique. Il faut prendre le train en marche. Les Américains l'ont bien pris, il faut que l'on suive."
CONTRE - Pascal Pavageau, secrétaire national de Force ouvrière:
"Il faut faire exactement l'inverse. Il faut tirer les travailleurs indépendants, souvent contraints de l'être, vers le droit collectif et le droit collectif c'est le CDI. Et le plancher minimal, c'est le Smic. C'est du salariat déguisé dans l'immense majorité des cas. Leurs revendications d'ailleurs quand ils arrivent à s'organiser ce sont le CDI et le Smic, ni plus, ni moins."
CONTRE - Jean-Marie Harribey, membre du collectif des Economistes atterrés:
"C'est une fausse bonne idée parce qu'au moment où le chômage et la précarité se sont étendus il ne faut pas faire un pas de plus pour aller vers une déréglementation supplémentaire du marché travail. Les libéraux attendent en effet que la société verse un revenu de base pour leur permettre ensuite de diminuer tous les salaires et donc d'exonérer les employeurs de payer des salaires décents. Cela va engendre un assistanat généralisé doublé d'une fracturation de la société".