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Salle de shoot à Paris: "Ce n'est pas un problème de plus, c'est une partie de solution"

REPORTAGE – Entre huées et applaudissements, dans une salle bondée, la mairie du Xème arrondissement de Paris organisait ce mardi une première réunion d'information concernant la future salle de shoot qui doit voir le jour à l'automne, non loin, à l'hôpital Lariboisière. Une première qui s'est déroulée dans un climat houleux.

La salle de shoot de Paris doit ouvrir à l'automne dans un local attenant à l'hôpital Lariboisière dans le Xème arrondissement de la capitale. Une expérimentation pour six ans qui sera une grande première en France. Elle est prévue pour accueillir 400 prises de drogues par jour, permettre aux gens de se piquer ou d'inhaler leurs drogues dans des conditions d'hygiène optimales. Dans ce quartier où la toxicomanie est déjà omniprésente, beaucoup d'habitants n'en veulent pas. Pour leur expliquer la démarche et tenter de les convaincre, une réunion d'information avait lieu mardi soir à la mairie du Xème arrondissement. Elle s'est déroulée dans un climat houleux.

"Nous avons peur"

A grands coups de huées et de sifflements, les opposants se sont faits entendre toute la soirée. Parmi eux, il y a Pascal qui refuse catégoriquement une salle de shoot en bas de chez lui. "Des enfants vont passer, des écoles et une maternité sont à côté", rappelle-t-il avant d'estimer qu'il s'agit "d'une zone de non-droit. Ça va donc l'être encore plus alors même que les commissariats, eux, ne sont pas à côté".

"Nous avons vraiment peur parce qu'il va y avoir forcément un nombre de toxicomanes plus important vont venir dans le quartier, souligne aussi Clotilde Dollar, membre du collectif des riverains opposés au projet. En effet, ce sera la seule salle de consommation à moindre risque ouverte. Il va donc y avoir une augmentation du deal et de toxicomanes et les premières victimes seront les riverains".

"Savoir que des gens formés leur viennent en aide"

Sécurité, tranquillité… les mêmes mots reviennent sans cesse. De quoi désespérer, Anne-Sophie, favorable à cette salle de shoot: "Je n'ai rien entendu qui concernait les êtres humains, qui se trouvent dans une situation très difficile. J'habite près de la gare du Nord et des gens dans la rue il y en a déjà beaucoup. Plutôt que de les voir s'injecter leur drogue dans mon hall d'immeuble, je préfère savoir que des gens formés leur viennent en aide et leur permettent au moins de se piquer dans des conditions saines".

Mais la peur des opposants est que les toxicomanes restent dans le quartier en sortant de la salle de shoot. Une inquiétude balayée par Romain Ferrand, le maire PS du Xème arrondissement. "Ils les voient déjà puisque c'est dans cette rue que sont tous les jours et depuis des années des centaines de toxicomanes très précaires, rappelle-t-il. Les riverains expriment une lassitude mais l'ouverture de cette salle n'est pas un problème de plus, c'est une partie de solution". La salle doit ouvrir à l'automne mais la bataille n'est pas terminée. En effet, les opposants au projet veulent désormais porter l'affaire devant les tribunaux.

M.R avec Barthélémy Bolo et Cécile Costes