Sarkozy candidat "pour proposer quoi ?", demande Hollande

par Catherine Lagrange
SAINT-ETIENNE, Loire (Reuters) - François Hollande a ironisé mardi sur le faux suspense entretenu autour de la déclaration de candidature imminente de Nicolas Sarkozy, assurant qu'elle ne modifierait pas sa propre trajectoire dans la campagne pour la course à l'Elysée.
En visite à Saint-Etienne, le candidat socialiste a mis au défi le chef de l'Etat, qui pourrait se déclarer mercredi soir sur TF1, de présenter son projet.
"La candidature de Nicolas Sarkozy était attendue, elle vient maintenant, elle aurait pu venir plus tôt, ou plus tard, il n'y avait pas de mystère sur l'intention qui était la sienne", a déclaré François Hollande à la presse.
"Il est candidat depuis longtemps d'ailleurs. Après, il devra dire pourquoi il est candidat après un tel bilan. Pour proposer quoi ? Pour faire comment ?", a ajouté le candidat, venu visiter les réalisations en matière d'urbanisme et de transport du maire socialiste de Saint-Etienne, Maurice Vincent.
Le député de Corrèze a assuré que l'entrée en lice de Nicolas Sarkozy, qu'il considère comme son principal adversaire, n'aurait aucune incidence sur le cours de sa propre campagne.
"Rien ne change ma campagne, aucune candidature, ni celle du candidat sortant, ni celle d'un autre candidat, rien ne me fait changer la ligne que j'ai choisie depuis plusieurs mois", a dit François Hollande, présent dans la course à l'Elysée, via la primaire PS qu'il a remportée en octobre, depuis près d'un an.
"Je veux convaincre les Français qu'un destin différent de celui qui nous a été réservé depuis cinq ans est possible, je veux les convaincre qu'il est possible d'avoir un avenir meilleur pour nos enfants, dire que même s'il y a une difficulté, une crise, on peut la surmonter", a-t-il expliqué.
"Je veux rassembler les Français, pas les diviser, pas les opposer les uns contre les autres. Je ne veux stigmatiser personne", a-t-il ajouté à l'adresse de Nicolas Sarkozy, qu'il appelle le plus souvent "le président sortant".
"COUP D'ÉCLAT PERMANENT"
François Hollande a aussi ironisé sur la proposition d'un référendum lancée par le chef de l'Etat sur des sujets comme l'immigration ou les droits des chômeurs.
"Il nous annonce un référendum chaque matin, et même un le matin et un le soir, alors qu'il n'en a fait aucun pendant cinq ans. C'est sa manière de faire campagne, a dit François Hollande. S'il veut faire des surprises chaque jour, libre à lui, mais c'est plutôt la mauvaise surprise depuis cinq ans."
Il a accusé Nicolas Sarkozy d'être un adepte du "coup d'éclat permanent", en référence au "coup d'Etat permanent" reproché par François Mitterrand au général de Gaulle.
"On connaît Nicolas Sarkozy, élu en 2007, il a fait beaucoup de promesses, j'avais moi-même dit qu'il était dans le coup d'éclat permanent. Ce qu'il veut, c'est à chaque fois surprendre. Mais chacun sait ce qui s'est fait et ce qui ne s'est pas fait", a-t-il dit.
François Hollande a en outre minimisé les ralliements - effectif pour la présidente du Parti chrétien-démocrate Christine Boutin, possible pour le président du Nouveau Centre Hervé Morin - sous la bannière de Nicolas Sarkozy.
"Cela ne me surprend guère, Mme Boutin, M. Morin étaient dans son gouvernement, il est normal que ceux qui ont siégé avec lui finissent avec lui", a-t-il commenté.
François Hollande doit tenir mercredi soir un meeting un Rouen, sa ville natale.
Il doit publier à la fin du mois un livre sur les thèmes de la République et de la Nation, où il oppose au triptyque du président actuel - "travail, responsabilité, autorité" - son propre trio de valeurs : "justice, effort, dignité", a-t-il expliqué sur RMC et BFM-TV.
Interrogé à Saint-Etienne sur une éventuelle rencontre avec la chancelière allemande Angela Merkel avant le premier tour le 22 avril, François Hollande a dit être "disponible".
"Maintenant, c'est à Mme Merkel de dire si elle veut me recevoir, dans quelles circonstances. Elle soutient Nicolas Sarkozy qui en a bien besoin. Elle ne peut pas me rencontrer avant la présidentielle, on verra qui sortira des urnes le 6 mai", a-t-il dit.
Avec Elizabeth Pineau et Thierry Lévêque à Paris, édité par Yves Clarisse