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Sarkozy pousse les feux contre l'accord PS-EELV sur le nucléaire

En pointe dans la défense de l'industrie nucléaire depuis la catastrophe de Fukushima, un secteur qu'il considère comme stratégique pour la France, Nicolas Sarkozy a saisi l'occasion de l'accord controversé entre le Parti socialiste et les Verts pour tent

En pointe dans la défense de l'industrie nucléaire depuis la catastrophe de Fukushima, un secteur qu'il considère comme stratégique pour la France, Nicolas Sarkozy a saisi l'occasion de l'accord controversé entre le Parti socialiste et les Verts pour tent - -

par Yann Le Guernigou PARIS (Reuters) - En pointe dans la défense de l'industrie nucléaire depuis la catastrophe de Fukushima, un secteur qu'il...

par Yann Le Guernigou

PARIS (Reuters) - En pointe dans la défense de l'industrie nucléaire depuis la catastrophe de Fukushima, un secteur qu'il considère comme stratégique pour la France, Nicolas Sarkozy a saisi l'occasion de l'accord controversé entre le Parti socialiste et les Verts pour tenter d'en faire aussi un argument électoral.

Depuis que les deux partis sont convenus de la fermeture de 24 réacteurs nucléaires sur 58 en cas de victoire en 2012, l'Elysée et l'UMP n'ont pas cessé de dénoncer un accord qui met en cause, selon eux, l'existence d'une filière d'excellence française et ses emplois.

Pas encore officiellement en campagne, le chef de l'Etat l'a évoqué à deux reprises en public : à l'occasion d'un discours sur les trois ans du Fonds stratégique d'investissement la semaine passée, puis à Toulouse mardi, où il venait marquer le 50e anniversaire du Centre national d'études spatiales.

Comme pour enfoncer encore le clou, il a changé son programme de la semaine pour y intégrer un déplacement vendredi à la centrale nucléaire du Tricastin, à Pierrelatte (Drôme), puis sur le chantier proche de la future usine d'enrichissement Georges Besse II d'Areva.

Il aura visité auparavant l'usine de laine de verre Isover-Saint-Gobain d'Orange, dont la production est très dépendante d'une électricité bon marché, et conclura la matinée par un discours "sur la politique énergétique de la France et la pérennité de la filière nucléaire".

Déjà critiqué par une partie de la gauche, l'accord PS-EELV a suscité des attaques virulentes de l'UMP avant que l'Elysée ne s'en empare en mettant en avant deux thèmes : le renchérissement de la facture d'électricité des Français en cas d'abandon du nucléaire et les emplois dans une filière qui s'est développée sous des gouvernements de droite comme de gauche.

Le parti présidentiel a annoncé mercredi le lancement d'une campagne de tracts reprenant ces arguments, avec comme intitulé : "Marchandage PS-Verts sur le nucléaire : +50% sur votre facture d'électricité" et "Marchandage PS-Verts sur le nucléaire : le gigantesque plan social du PS - 400.000 emplois menacés".

L'INDUSTRIE S'INQUIÈTE AUSSI

Le président d'EDF, Henri Proglio, était monté au créneau le 8 novembre en affirmant que, dans l'hypothèse d'un remplacement du parc nucléaire français par une production constituée pour moitié d'énergies renouvelables et pour moitié de centrales au gaz, les prix de l'électricité seraient multipliés par deux.

L'Uniden, qui regroupe les industries consommatrices en électricité, avait mis en garde au même moment sur les risques de délocalisation de productions liés à une sortie du nucléaire en faisant valoir que, pour certaines, le prix de l'électricité peut représenter jusqu'à 70% du coût de revient.

Dans un nouveau communiqué publié mercredi, elle souligne que les industries électro-intensives emploient directement 50.000 personnes en France et génèrent entre 100.000 et 120.000 emplois indirects et induits et que "150.000 emplois au moins seraient donc très concrètement menacés à court terme par un dérapage des prix de l'électricité".

"Même si le nucléaire n'est pas un enjeu majeur pour les sympathisants de gauche, le retentissement du débat actuel, avec sa corrélation avec l'emploi, peut être déstabilisant", déclare François Miquet-Marty, président de l'institut d'études d'opinion Viavoice.

Il juge ainsi logique que Nicolas Sarkozy s'empare d'un tel thème qui met en lumière des "contradictions" dans son opposition de gauche "sur le choix entre le social et l'environnement".

Mardi à Toulouse, le président avait dénoncé les discours qui remettent en cause "l'idée même de progrès". En visite début mai à la centrale de Gravelines, il avait stigmatisé la peur "irrationnelle" et "moyenâgeuse" entretenue, selon lui, par les opposants au nucléaire.

Depuis Fukushima, le 11 mars, le chef de l'Etat est intervenu à plusieurs reprises pour défendre l'industrie nucléaire alors même que des pays comme l'Allemagne ou l'Italie ont renoncé cette année à cette énergie.

S'il a critiqué la décision allemande, il a estimé aussi qu'elle était bonne pour la compétitivité de l'économie française.

Edité par Patrick Vignal

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