"8,50 € le kilos, on ne peut pas vivre": la Confédération paysanne dénonce le prix de l'agneau néo-zélandais

La présence importante d'agneaux néo-zélandais dans les rayons au moment des fêtes de Pâques agace la Fédération nationale ovine et la Confédération paysanne qui dénoncent une concurrence déloyale, notamment en raison des carences sur les indications d'origine et de conservation.
Pour dénoncer ces inportations qui cassent les prix sur le marché, la Confédération Paysanne a organisé une opération coup de poing vendredi en milieu d’après-midi dans les rayons d'un hypermarché à Carcassonne, dans l’Aude.
Des brebis, une vingtaine d’éleveurs, et ce message pour prévenir: "La Confédération paysanne dénonce les importations de viande néo-zélandaise". Yann Vétois se dirige avec ses troupes vers le rayon concerné, et sans surprise: "Voila, ce sont des agneaux de kilos, dont le prix est à 8,50 € le kilos. À ce prix la, on ne peut pas vivre", lache-t-il à RMC, fataliste.
"Concurrence déloyale"
"Quand une grande enseigne fait de la publicité à la radio pour un gigot à 9 euros le kilo sans préciser que c'est forcément d'un pays tiers [hors Union européenne], donc très vraisemblablement de Nouvelle-Zélande, pour nous c'est de la concurrence promotionnelle complètement déloyale", indique de son côté à l'AFP Michèle Boudoin, présidente de la Fédération nationale ovine, branche de la FNSEA.
Par ailleurs, "il n'y a pas d'indication sur le mode de conservation ou la date d'abattage. Or on peut trouver de l'agneau réfrigéré, sous atmosphère contrôlé, qui va se retrouver dans le rayon frais alors que l'agneau a été abattu en décembre ou janvier et a fait 10 ou 12 semaines en bateau dans un container à 2°", indique également Michèle Boudoin.
Pour autant, le directeur de la grande surface en question, Thierry Rovès, rappelle que le consommateur est libre de son choix. L'enseigne propose aussi de l'agneau français, à 16 € le kilos. "Les gens qui veulent manger français le peuvent", explique-t-il à RMC de manière pragmatique.
"Ceux qui veulent manger du gigot à Pâques et qui n'en ont pas les moyens, ils peuvent acheter celui qui vient de Nouvelle-Zélande", fait savoir Thierry Rovès, patron de grande surface
Dans les rayons de l'hypermarché, certains clients comprennent la colère de la Confédération paysanne. "Les distributeurs font des marges excessives à mon goût, les agriculteurs ne sont pas justement rémunérés", avance l'un, tandis qu'une autre prône l'achat de viande française: "C'est normal".
Les importations devraient augmenter
Le syndicat agricole promet de nouvelles actions « coup de poing » dans les prochains jours. Le nouvel accord entre l'UE et la Nouvelle-Zélande, qui entre en vigueur le 1er mai, prévoit d'augmenter de 38.000 tonnes équivalent carcasse le volume d'importations de viande ovine autorisé sans droits de douanes, actuellement fixé à 125.769 tonnes.
Cet accord "va créer un appel d'air supplémentaire à l'importation", estime la Confédération dans un communiqué publié mercredi.