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"C’est complètement anormal": la sécheresse inquiète et "coûte cher"

Dans "Apolline Matin" ce mercredi sur RMC et RMC Story, l’hydrologue Emma Haziza a fait part de l’inquiétude suscitée par la chaleur et la sécheresse en France en ce mois de mai.

Du soleil, du soleil, et encore du soleil. Le mois de mai 2022 fonce vers des records de chaleur et la sécheresse continue de gagner du terrain. Pour l’hydrologue Emma Haziza, invitée d’"Apolline Matin" ce mercredi sur RMC et RMC Story, la situation est forcément inquiétante. "C’est complètement anormal, souligne-t-elle. On est dans une situation plutôt préoccupante, parce qu’on n’a pas eu de réserves hivernales, qui nous permettent de tenir au printemps et à l’été. Lors des dernières sécheresses, en 2017, 2018, 2019 et 2020, on avait à chaque fois d’excellentes recharges hivernales. Là, on a plongé dans un état de sécheresse."

"Chaque jour qui passe, depuis plus d’un mois, on a des températures hors normes, supérieures aux normales de la saison, note Emma Haziza. Quand c’est une suite de jours, on est sur une tendance d’anormalité. On devrait aborder l’été, en juin-juillet, avec peut-être 80% des départements qui seront en vigilance rouge. C’est un scénario qu’on a eu en 2020 et qu’on est en train d’avoir à nouveau."

"C’est une réalité, on est dans le changement climatique"

Et cette sécheresse a beaucoup de conséquences. "La sécheresse coûte cher, explique l’hydrologue. Elle atteint les bâtiments, il faut réparer. C’est en général une course pour essayer de se faire indemniser. Une maison sur quatre en France est sur une zone de retrait-gonflement d’argile, qui va donc être sollicitée en cas de grande sécheresse. Les sols vont se rétracter. Et à la prochaine pluie, les sols vont gonfler. Il y aura un décalage dans les dommages. Il y a un autre problème, c’est qu’on s’est rendu compte avec la canicule et les 46°C de juin 2019 que le béton ne tient pas. Il peut aussi s’effondrer parce que les molécules d’eau, qui maintiennent le béton, ne tiennent plus."

"On a un problème économique, social, sanitaire, poursuit Emma Haziza. Le problème de l’eau potable, ce n’est plus quelque chose qu’on imaginait pour 2100. Ça atteint plus certains territoires que d’autres. C’est déjà le cas. Chaque année, il y a des départements alimentés par camions citernes. On n’est plus sur quelque chose d’anecdotique ou de potentiel. C’est une réalité, on est dans le changement climatique. Le problème, c’est que les choses s’accélèrent."

Gare aux gouttes froides

Peut-on espérer de la pluie dans les prochains jours, prochaines semaines ? Oui, mais attention aux inondations, prévient l’hydrologue. "Il y a un signe de potentielles gouttes froides, qui pourraient nous apporter des précipitations, explique-t-elle. Il faut toujours faire attention avec les gouttes froides. C’est au niveau du vortex polaire, du pôle Nord, un détachement d’air froid en altitude qui vient se positionner sur l’Atlantique, aux abords de la Bretagne. Ça va générer dessous une dépression, qui nous amène en général de la pluie, et surtout lorsqu’elle rencontre une mer Méditerranée très chaude, ce qui a amené les inondations en Allemagne et en Belgique l’année dernière. Il faut toujours se méfier en contexte de goutte froide."

LP