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Pyrénées-Orientales: face à la sécheresse, un maire interdit la construction de nouvelles piscines

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Le maire d'une commune des Pyrénées-Orientales a choisi d'interdire la construction de nouvelles piscines jusqu'au 30 avril au moins, alors que la sécheresse touche le département.

C'est trop tard. Les habitants d'Elne dans les Pyrénées-Orientales, souhaitant construire une piscine ne le peuvent plus. Cette mesure a été prise après un arrêté préfectoral du 24 février plaçant le département en alerte sécheresse renforcée en raison du déficit en eau. Car depuis juin 2022, la sécheresse touche le département. Cet épisode "est le plus long et le plus intense depuis le démarrage des suivis de l'humidité des sols par Météo France en 1959", assure la préfecture.

Pour le maire communiste de la ville Nicolas Garcia, pas de doute, les piscines participent à l'assèchement des sols: "En prélevant de l'eau pour des usages qui ne sont pas humains, on affaiblit les nappes et on peut se retrouver dans une situation où toute la population manquerait d'eau", plaide l'élu. Et sur la commune de 8000 habitants, les piscines se sont multipliées depuis le Covid-19: "On en compte une centaine", détaille Nicolas Garcia sur Facebook.

Jusqu'au 30 avril prochain, il ne sera plus possible donc de construire une nouvelle piscine. Les contrevenants s'exposent à une amende de 450 euros sans compter les frais de remise en l'état.

"Une piscine, ça ne se vide pas"

"Le maire a juste voulu faire le buzz. Il ne s’est pas renseigné parce qu’il existe des systèmes pour gaspiller beaucoup moins d’eau avec notamment la récupération des eaux de pluies", déplore ce jeudi sur le plateau d'Estelle Matthieu, fabricant de piscines dans les Pyrénées-Orientales.

"On se trompe de débat", abonde Gilles Mouchiroud, vice-président de la Fédération des Professionnels de la Piscine. "Le taux d’utilisation d'eau des piscines en France c’est 0,15% seulement de la consommation totale. Par contre les professionnels des piscines c’est 60.000 emplois direct et indirects, 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires", vante-t-il.

"Une piscine, ça ne se vide pas. L’eau est filtrée, recyclée et il y a des bâches pour empêcher l’évaporation", défend Gilles Mouchiroud. "Depuis des années on travaille à l’amélioration de nos produits et nos techniques. En 25 ans, on a diminué de 45% le volume d’eau des piscines, c’est drastique", conclut-il. Mais à Elne, le maire ne l'entend pas de cette oreille. Et il pourrait prolonger son arrêté en l'absence de précipitations suffisantes au 30 avril prochain.

G.D.