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Après Irma, il est coupé du monde à Saint-Martin depuis 48h: "Tout ce qu'on veut c'est rentrer chez nous"

Saint-Martin après le passage de l'ouragan Irma, le 7 septembre 2017.

Saint-Martin après le passage de l'ouragan Irma, le 7 septembre 2017. - AFP

Plus de deux jours après le passage du cyclone Irma sur Saint-Martin, certains sont encore totalement isolés. C'est le cas de Julien Choquet, en vacances sur l'île et désormais coincé sur la partie néerlandaise de l'île. Joint par RMC.fr, il réclame de l'aide.

Julien Choquet, journaliste, était en vacances à Saint-Martin depuis le 24 août. Il est quasiment coupé du monde dans la partie néerlandaise de l'île depuis le passage du cyclone Irma.

"Je suis arrivé en vacances à Saint-Martin le 24 août. On est resté une petite semaine, et on a commencé à entendre parler de l'ouragan. Trois ou quatre jours avant qu'il n'arrive, on voit qu'il est en force 3, que ça pourrait taper. J'ai appelé Air France en leur disant 'j'ai un vol mercredi, donc le jour de l'ouragan, qu'est-ce que je fais?'. Ils m'ont dit de ne pas m'inquiéter que mon vol n'était pas encore annulé et qu'au pire on me recaserait sur un vol plus tard. Pour partir plus tôt, il fallait payer 1200 euros, alors que les Américains envoyaient des avions pour rapatrier les gens! Là on m'a mis sur un vol commercial le vendredi 15. Mais ces vols-là sont annulés les uns après les autres.

"Le bruit, je me réveille encore en y pensant…"

Comme on a vu qu'on ne pourrait pas repartir, on a essayé de se réfugier, parce qu'on était sur des bungalows au bord de la plage, à Cul-de-Sac, côté français. On a réservé un hôtel côté néerlandais à côté de l'aéroport Juliana. On a vécu l'ouragan là-dedans. Ça a duré 6 ou 7h, c'était l'apocalypse. Le bruit, je me réveille encore en y pensant… L'hôtel, c'est le dernier bâtiment encore debout autour de nous.

Mais on s'était dit que le pire était passé. Ce n'est pas vrai. Là, ça fait 48h, et personne n'est venu nous voir. Il n'y a rien. L'armée néerlandaise est passée il y a une heure, on pensait qu'ils nous amèneraient à manger mais même pas. Là ce qui commence à manquer ce sont les vivres. On a fait des courses avant le passage pour tenir. On se rationne, on mange une fois par jour, on fait attention à l'eau. Hier on s'en est bien sorti: il y a un petit resto à côté, il est détruit, mais le patron nous a emmené vider ses frigos. Maintenant, on est au jour le jour. Si on ne nous ramène rien, on pourra tenir deux jours, maximum.

"Amenez-nous autre part, n'importe où, n'importe comment"

Là on ne sait rien, on est coupé de tout. Ce matin j'ai pété un plomb, j'étais en larmes. Être rationnel, c'est compliqué. Des amis en France ont appelé la cellule de crise pour nous, on leur ont répondu que des pompiers allaient peut-être venir nous chercher pour nous ramener côté français dans un abri anti-cyclonique. Ça fait du bien. Mais on ne sait pas comment ça se passe côté français, s'il y a des pillages ou pas, on a du mal à avoir du réseau, on est coupé de tout. On est perdu. Amenez-nous autre part, n'importe où, n'importe comment: en bateau, en zodiac. Je n'en sais rien. Ce qu'on veut c'est rentrer chez nous, on est à bout".

Propos recueillis par Antoine Maes