RMC

Un épisode comme Irma en métropole c'est quasiment impossible aujourd'hui

Saint-Martin après le passage d'Irma.

Saint-Martin après le passage d'Irma. - AFP

Un cyclone de la puissance d'Irma pourrait-il un jour frapper la métropole? Même avec le réchauffement climatique, c'est très peu probable. "On peut rassurer les gens" explique Fabrice Chauvin, météorologue et spécialiste des cyclones tropicaux.

Fabrice Chauvin est météorologue, spécialiste des évènements climatiques extrêmes dont les cyclones tropicaux et les tempêtes extratropicales.

"Un épisode du type Irma en métropole, c'est quasiment impossible aujourd'hui. Il n'y a pas de loi physique qui empêche que ça arrive, mais on en a encore jamais vu. Par contre, on a déjà rencontré des phénomènes qui ne sont pas des cyclones, mais qui sont de caractère tropical et qui sont remontés à des latitudes proches des nôtres. En 2005, une année d'activité cyclonique exceptionnelle, le cyclone Vince est par exemple remonté jusqu'aux latitudes du Portugal.

Par contre, on a déjà observé des événements qu'on appelle des "Médicanes" (contraction de Méditerranée et Hurricane, ouragan en anglais, ndlr). A ma connaissance on n'en a pas rencontré qui avaient atteint l'intensité d'un système cyclone tropical. Mais ce sont des systèmes qui ont des caractéristiques de systèmes tropicaux. Avec un cœur chaud, avec un début d'organisation autour d'un centre, etc… C'est suffisamment rare pour qu'il soit un peu difficile de faire des statistiques sur ce genre de phénomène. D'autant plus qu'autant pour les systèmes tropicaux l'observation se fait de manière très détaillée, autant en Méditerranée, il n'y a pas de service de prévision des "Médicane".

"Les gens ont peut-être envie d'avoir un peu de sensationnel, mais les changements qu'on va observer ne seront pas radicaux"

Quel est le lien entre les cyclones et le changement climatique? En l'état actuel de nos connaissances, les projections nous indiquent que globalement, il n'y aurait pas de changement dans le nombre total de cyclones, voire une légère baisse. En contrepartie, avec le réchauffement, la probabilité de voir des phénomènes intenses augmenterait. Il y a également des études qui commencent à suggérer que la zone d'activité des cyclones pourrait s'étendre ou se décaler légèrement vers le Nord. Mais c'est assez mineur, on parle de 1° de latitude. Ce n'est pas un changement fondamental.

Les gens ont peut-être envie d'avoir un peu de sensationnel, mais les changements qu'on va observer ne seront pas radicaux. Même quand on dit que la probabilité que les cyclones intenses soient plus fréquent augmente, on parle de quelques pourcents. Ce n'est pas une révolution. Il y a déjà des variations tellement fortes d'une année sur l'autre que pour détecter des tendances c'est très compliqué. En 2005, qui est l'année exceptionnelle dans les enregistrements cycloniques, a vu une trentaine de systèmes au cours de l'été. Il y a des années où il y en a 5 ou 6. On peut avoir des années très calmes et des années déchaînées".

Propos recueillis par Antoine Maes