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Inondations en Espagne: "Pas normal qu’on ait autant de morts", la colère de François Gemenne

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Pour François Gemenne, professeur à HEC et membre du GIEC, le bilan des inondations en Espagne, qui approche des 100 morts, résulte en partie de l'impréparation des autorités.

Comment expliquer un tel bilan en Espagne? Après la formation d’un "orage en V" sur la région de Valence ce mardi, les inondations ont fait 95 morts selon les chiffres encore provisoires donnés par les services de secours ce mercredi soir. Dans la seule ville de Paiporta, 45 personnes ont été tuées. Des centaines de voitures ont notamment été emportées par les flots, piégeant les conducteurs et passagers. Pour François Gemenne, professeur à HEC et membre du GIEC, ce bilan est beaucoup trop lourd. "J’ai été surpris par le bilan humain, qui est catastrophique. Dans une démocratie moderne, l’idée qu’on ait quasiment 100 morts à la suite d’inondations révèle notre impréparation et notre vulnérabilité face à ces catastrophes", explique-t-il dans Apolline Matin ce jeudi sur RMC et RMC Story.

"Ça fait au moins 20 ans qu’on dit que ces évènements vont devenir plus fréquents et plus intenses, ajoute-t-il. Nous ne pouvons plus avoir l’excuse d’être surpris. Je suis un peu en colère contre les autorités de la région de Valence. Je ne vais pas les accabler, mais ce n’est pas normal qu’on ait autant de morts, que les entreprises aient fait venir les gens au bureau, qu’on n’ait pas coupé les routes pour éviter que les gens se retrouvent prisonniers de leurs voitures… Il y a un questionnement qui doit être fait sur la manière dont on n’a pas prévenu les gens."

Dans cette région du sud-est de l’Espagne, la bétonnisation des sols a accentué les dégâts. "Bien entendu, il y a l’effet des pluies qui ont été exceptionnelles, souligne François Gemenne. Et il y a de plus en plus d’eau du fait du réchauffement climatique. Il y a aussi la bétonnisation qui a eu lieu dans la région de Valence depuis 50 ans, avec quasiment 9.000 hectares de vergers qui ont été bétonnés. Comme c’est une région qui connait en plus de la désertification, ça veut dire que les sols n'absorbent plus du tout l’eau quand il pleut."

L'invité du jour : François Gemenne - 31/10
L'invité du jour : François Gemenne - 31/10
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"Nous n’échapperons à une partie des impacts du changement climatique"

Pour François Gemenne, il est désormais impératif et urgent de s’adapter aux conséquences du changement climatique, sans renoncer à tenter de l’atténuer. Le Premier ministre, Michel Barnier, a justement présenté la semaine dernière le Plan d’adaptation au changement climatique. "C’est un premier pas dans la bonne direction, estime-t-il. Il y a certaines choses qui peuvent être améliorées, qui sont juste incitatives et je pense qu’on pourrait aller plus loin. C’est très important qu’on ait pris conscience de notre propre vulnérabilité et qu’on commence à déployer des stratégies d’adaptation. On voit souvent l’adaptation au changement climatique comme une forme de renoncement par rapport à la logique de réduction de nos émissions. Mais ce n’est pas du tout ça. Il faut à la fois réduire nos émissions, c’est la priorité première, et s’adapter à ces impacts, parce que nous n’échapperons à une partie des impacts du changement climatique. Il faut vraiment en être conscient."

LP