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Randonneuse tuée: faut-il interdire la chasse aux mineurs?

Après la mort d'une randonneuse, touchée par une balle tirée par une chasseuse de 17 ans, l'ouverture de la chasse aux mineurs fait débat. Les anti-chasse déplorent que de jeunes personnes puissent porter une arme, tandis que les pro-chasse assurent que toutes les consignes de sécurité sont dispensées pendant l'examen du permis de chasse.

Un accident de chasse de plus, qui implique cette fois un mineur. Une randonneuse de 25 ans est morte ce samedi dans le Cantal après un accident de chasse, tuée par une balle perdue, alors qu'elle se promenait avec son compagnon sur un chemin balisé. Une jeune fille de 17 ans, qui participait à une battue aux sangliers à proximité, a été placée en garde à vue pour "homicide involontaire". Selon les premiers éléments, elle serait l'auteur du tir mortel.

L'accident a provoqué la colère de personnalités politiques à gauche et relancé le débat entre pro et anti-chasse. "Il y a la question de l'expérience", a expliqué à l'AFP Bérangère Abba, la secrétaire d'État chargée de la biodiversité, précisant que la chasseuse avait obtenu son permis à 16 ans.

En France, les mineurs, dès l'âge de 15 ans, peuvent chasser accompagnés, et dès 16 ans seuls, s’ils ont le permis de chasse et une autorisation parentale. Mais ce drame pose question. Faut-il revoir cet âge et peut-être envisager l'interdiction de la chasse aux mineurs ? C'est en tout cas ce que plaide Hélène Barbry, secrétaire générale de l'"Association Stéphane Lamart pour la défense des animaux". "Ce qu’on demande, c’est une interdiction de la participation active des mineurs à la chasse. C’est-à-dire qu’un chasseur ne pourrait pas amener son enfant à la chasse", assure-t-elle à RMC.

"Aujourd’hui en France, un mineur n’a pas le droit d’acheter de l’alcool et du tabac. Par contre à partir de 16 ans, il peut sortir seul dans la forêt avec son fusil et chasser librement. Et cet accident, c’est un parmi tant d’autres qui implique un mineur", ajoute-t-elle.

"Statistiquement, l’âge n’est pas déterminant dans les accidents de chasse"

À l'inverse, les chasseurs assurent que l'âge n'y est pour rien et que revenir sur la législation en cours n'aurait aucune incidence sur les accidents. "Il ne faut pas interdire l’âge aux mineurs. Statistiquement, l’âge n’est pas déterminant dans les accidents de chasse. Les gens qui veulent prôner une telle interdiction sont les mêmes qui auraient dit la même chose s’il y avait eu un accident avec une personne d’un certain âge, en plaidant pour des visites médicales", assure à RMC Nicolas Rivet, directeur général de la Fédération nationale des chasseurs.

"Ce n’est pas une question d’âge. Quand on regarde les conditions dans lesquelles il y a eu ces accidents, c’est le non-respect des normes de sécurité qui est à prendre en compte", ajoute-t-il.

"C'est la maturité à 16 ans, on est considéré un peu comme un adulte", renchérit de son côté Julien Ledoux, le président de l’Association départementale des chasseurs de l’Oise. "Les jeunes ont des examens théoriques et pratiques et sont habilités à avoir une arme. Si on n'est pas apte, on n'a pas de permis de chasse. Il ne faut pas le remettre en cause, sinon à ce moment-là on remet en cause la conduite accompagnée et tout ce qu'on peut faire à 16 ans", plaide-t-il.

Lundi, la garde à vue de la chasseuse de 17 ans soupçonnée d'avoir tiré, a été prolongée. Testée négative aux stupéfiants et à l'alcool, elle avait été hospitalisée samedi en état de choc avant d'être placée en garde à vue dimanche.

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G.D.