Si je vois un automobiliste jeter un mégot, je note sa plaque et je le dénonce

Alors que 800 hectares de forêt ont été dévastés le week-end dernier par un incendie causé par un mégot jeté en bordure de route, le maire de Saint-Cannat, dans les Bouches-du-Rhône, exprime son exaspération face à de telles imprudences.

Jacky Gérard est maire de Saint-Cannat, dans les Bouches-du-Rhône, et président de l'Entente pour la forêt méditerranéenne. 

"L'incendie, qui a ravagé 800 hectares de forêt dans les environs de Saint-Cannat, est aujourd'hui maîtrisé. Nous sommes vraiment rassurés, près de 200 hommes sont encore sur le terrain pour intervenir en cas de reprise. Cette nuit, aucune reprise n'a été observée et ce mercredi matin, il y a eu deux légères reprises de feu mais qui ont été très bien surveillées et bien traitées. La population est désormais rassurée. Dès ce soir, le dispositif devrait être allégé.

L'hypothèse d'un mégot qui serait à l'origine de cet incendie a été confirmée. Nous réalisons des campagnes de prévention depuis des années donc nous ressentons vraiment une forte exaspération à l'égard de ce type de comportement. Notre message est clair: même un mégot peut provoquer des dégâts énormes. Nous alertons sans cesse la population sur les conséquences dramatiques que peut avoir un geste inconscient comme celui-là. 

"On a parfois l'impression que les gens ne veulent pas comprendre"

Lorsque l'on sait que la plupart des départs d'incendie sont causés par les mains de l’homme, nous devons rappeler que toutes les imprudences doivent être proscrites car les conséquences peuvent être dévastatrices. On a parfois l'impression que les gens ne veulent pas comprendre et ne réalisent pas l'impact de leur comportement.

Je pense qu'il faut sévir plus sévèrement pour pénaliser les auteurs de ces actes. Je peux vous dire que si je vois, sur ma commune, un automobiliste jeter un mégot par la fenêtre de sa voiture, je n'hésiterais pas une seconde à relever sa plaque et à envoyer un rapport au procureur. La délation ne me plaît pas particulièrement mais quand des vies humaines et la préservation de l'environnement sont en jeu, je pense qu'on peut en arriver là.

"On met le paquet lors de l'arrivée des touristes"

Je pense que les locaux sont plus sensibilisés que les touristes. C'est la raison pour laquelle nous développons beaucoup de campagnes de sensibilisation sur l'autoroute. Nous mettons le paquet lors de l'arrivée des touristes en distribuant des dépliants dans les offices de tourisme, les hôtels et tous les établissements accueillant les vacanciers. Ils n'ont pas nécessairement la pratique de notre forêt méditerranéenne et les vacances favorisent souvent les pratiques à risque: on se sent libre, on jette tout par la fenêtre, on ne réfléchit pas vraiment aux conséquences de ses actes car on n'est pas chez soi...

Mais il ne faut pas généraliser. Et puis je crois aussi que de toute façon, la population locale n'est pas assez consciente du danger aussi. Chez nous, on a souvent l'impression que l'on est parés à tout risque mais ce n'est pas du tout le cas".

Propos recueillis par Mélanie Rostagnat