"Au départ, personne ne voulait éditer le Guide du Routard": retour sur un succès qui a 50 ans

Cap sur les années 70 avec le Guide du Routard. Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, qu’on l’utilise ou pas Le Routard est devenu un incontournable du voyage. Quand le guide sort, peu de gens peuvent se permettre de voyager. Pour s’évader à l’étranger dans les années 70, deux options : l’agence de voyage qui s’occupe de tout et qui coûte cher, ou l’aventure et la débrouille.
C’est l’option qu’a choisie Philippe Gloaguen le co-créateur du guide du Routard qui se lance dans un tour du monde en 1971, en mode système D. Ses aventures paraissent dans le défunt magazine Actuel. L’article fait un tabac, le rédacteur en chef lui suggère d’en faire un guide. Qui n’emballe pas grand monde:
"Au total le Routard a été refusé 18 fois. C’est un petit éditeur qui m’a pris, c’était "Sur la route des Indes" pour la moitié du guide. On traitait aussi de la Yougoslavie, la Turquie, l’Iran, l’Afghanistan, les pays d’Europe, les Etats-Unis. Mais c’était traité de façon très succincte: New York c’était 4 pages. Il y avait moitié culturel moitié pratique, autostop, bus, camping, auberges de jeunesse, pas cher et le meilleur qualité prix", explique Philippe Gloaguen à RMC.
A l’époque, la référence c’est le Guide bleu, très érudits, très sérieux. Avec un peu plus d’humour et de conseils pratiques, le Routard trouve vite sa place dans les sacs à dos des jeunes voyageurs.
"Un guide par continent"
Dès 1975, Hachette flaire le bon coup et rachète les droits d’édition. Philippe Gloaguen, lui, aurait négocié un lucratif contrat avec un pourcentage sur chaque guide vendu. L’idée c’est d’en faire une collection, Hachette veut donc de nouvelles destinations.
"Ils m’ont demandé un guide par continent et là Hachette me dit que l’Europe marche bien et me demande un guide sur l’Italie, un sur l’Espagne. Et maintenant il y a 11 titres sur l’Espagne, 12 titres sur l’Italie, on est vraiment rentrés dans les détails", raconte-t-il aussi.
Et pour identifier les prochains pays à visiter, le Routard s'appuie sur ses lecteurs. Chaque année ils envoient 25.000 lettres et mails.
Malgré une baisse des ventes pendant la période Covid, 1,9 million de guides ont été vendus l’année dernière, à 14-15 euros pour les régions françaises ou italiennes, jusqu’à 18 euros pour les pays plus lointains. Trois guides sur 10 vendus sont un Routard. La marque se porte bien grâce à plusieurs sources de revenus, des magazines, des assurances et même bientôt un film dans lequel Philippe Gloaguen jouera son propre rôle.