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Des bénévoles empêchés de nourrir les migrants: "on ne peut pas continuer à se cacher pour les nourrir!"

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- - Solidarité Migrants Wilson

Jeudi matin, les bénévoles du collectif Solidarité Migrants Wilson, qui distribuent des petits déjeuners aux migrants devant le centre humanitaire de La Chapelle, à Paris, ont été refoulés par la police. Laurence, bénévole, dénonce "une chasse aux associations", après la "chasse aux migrants".

Laurence, institutrice, est bénévole au sein du collectif Solidarité Migrants Wilson:

"Ce jeudi matin, nous sommes tombés des nues. Nous étions encore sous le choc de la mise en place des pierres anti-migrants. On s'installe normalement aux alentours du centre humanitaire de La Chapelle, en accord avec les associations qui gèrent le centre et les policiers.

Lundi dernier, on a déjà dû bouger, la police nous a refoulé vers la déchetterie. Jeudi matin, le policier a brandi un document de la préfecture mais je n'ai pas vraiment vu, en me disant qu'il était désormais interdit de distribuer de la nourriture et des boissons dans le secteur.

"Jusqu'à présent, on était tolérés"

J'ai essayé de voir où on pouvait s'installer, on a dû se mettre beaucoup plus loin et on a quand même eu deux amendes. Ces dernières semaines on a eu cinq amendes pour stationnement gênant. C'est vraiment hostile.

Le fait qu'on nous empêche de distribuer, c'est nouveau. Jusqu'à présent, on était tolérés. On ne peut pas continuer à se cacher et à se prendre des prunes pour nourrir des gens qui en plus ne sont pas nourris.

Les bénévoles commencent à en prendre plein la tronche, à nous décourager de revenir. Financièrement, on ne va pas pouvoir tenir longtemps. On est un petit collectif avec une cagnotte de 1.500 euros, donc déjà avec 5 amendes à 135 euros… Je ne sais même pas comment on va faire face. On donne tous de notre poche même si on a des dons… Mais avec les amendes, on ne pourra pas suivre.

"Ils ne donnent même pas à boire aux enfants"

Au centre de La Chapelle, il y a 600 places pour que les migrants restent 10 jours, mais ils ne font plus rentrer personne. Il y a aussi de l'accueil de jour, mais on ne donne rien à boire et rien à manger aux gens. Ils ne donnent même pas à boire aux enfants. Les gens ont soif, ils n'ont même pas accès à de l'eau.

Je ne sais pas si on essaie de nous empêcher de les nourrir, mais alors on les laisse crever de faim et de soif?

Avant on venait avec nos enfants parce que c'était un moment sympa, ça faisait plaisir à tout le monde, c'était un moment tranquille d'échange. Là, il y a des policiers armés jusqu'aux dents qui sont très hostiles, devant le centre ça devient tendu. Il y avait la chasse aux migrants, maintenant c'est la chasse aux assoc'.

Là, la direction qu'on prend ça fait peur. Ça devient très tendu devant le centre, dans la file d'attente. Ils poussent clairement les gens à bout. Je ne sais pas comment ça va finir. Je ne comprends pas cette politique qu'ils ont choisi d'appliquer".

Propos recueillis par Paulina Benavente