Crise du recrutement des enseignants: "On est dans le déni face à ce qu'il se passe"

- - AFP
La crise de recrutement des professeurs se poursuit. Comme l'an dernier près de 1.300 postes sur les 9.000 proposés au concours du Capes sont restés vacants faute de candidats valables et en nombre suffisant. Une fois de plus donc le Capes n'a pas fait le plein. Et les premières matières à en pâtir sont les lettres classiques, les lettres modernes et l'allemand, avec moins d'admis que l'an passé. Concrètement, plus de la moitié des postes ouverts en allemand ne sont pas pourvus. En cause, d'après le gouvernement, le faible niveau des candidats.
"Peu de présent donc peu d'admis"
Pour le latin et le grec ancien c'est pire. Les trois quarts des postes n'ont pas trouvé preneur. Pour autant, Loys Bonod, professeur de lettres classiques au Lycée Chaptal à Paris, refuse d'entendre parler d'un désintérêt pour le latin et le grec ancien. Pour lui c'est toute la profession d'enseignant qui connaît une crise de vocation: "C'est un mouvement de fond qui touche pratiquement tous les Capes. Il y a peu de présent donc peu d'admis."
"C'est vrai qu'en lettres classiques c'est encore plus sensible mais c'est parce que lorsqu'on entreprend des études de latin ou de grec ancien, on se destine à l'enseignement en quelque sorte, analyse-t-il. C'est le Capes le plus emblématique de l'enseignement en France. Il est donc emblématique de la crise de l'enseignement, de la pénurie actuelle". Et d'estimer: "On est dans une forme de déni face à ce qu'il se passe actuellement, de cette tradition française des langues anciennes qui est en train de mourir petit à petit".
"Un problème multicausal"
D'autres filières sont elles aussi déficitaires, comme les mathématiques et l'anglais. Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes FSU, n'est, elle aussi, pas surprise par le nombre de postes non pourvus. "Le problème est multicausal, juge-t-elle. Pour les lettres classiques et l'allemand, il s'agit même d'un problème assez récurent. Cela vient généralement des problèmes de rémunération du métier, des conditions de travail ou encore de formation des étudiants".
En revanche, ce n'est pas parce que tous les postes n'ont pas été pourvus que les élèves n'auront pas d'enseignants à la rentrée. En effet, l'Education nationale va recourir une fois de plus à des contractuels, qui sont parfois des recalés du fameux concours. Depuis trois ans, ils représentent environ 7,5% du corps enseignant. Un chiffre stable malgré la promesse de 60.000 embauches du président Hollande.