Grève des fonctionnaires: "On est à l'os, nos services publics craquent", alerte Sophie Binet

Plus de cinq millions d'agents de la fonction publique sont appelés à se mobiliser mardi pour demander des augmentations de salaire. Un appel à la grève lancé par l'ensemble des syndicats, dont la CGT. Invitée du Face-à-face d'Apolline Matin, sur RMC et BFMTV, ce lundi, sa secrétaire générale, Sophie Binet, espère "une mobilisation très forte".
Elle insiste sur la nécessité de se mobiliser "parce qu'on est à l'os, parce que nos services publics vont très mal. Ils craquent de partout." "Je dis aux fonctionnaires que c'est très important de se mobiliser demain, car le gouvernement les voit que par des coûts", poursuit la secrétaire générale de la CGT.
"Énorme colère"
Sophie Binet promet que les fonctionnaires seront "très nombreux à être en grève demain pour enfin se faire entendre et que le gouvernement change ses choix budgétaires". Ces derniers sont "dangereux", selon elle, "pour les fonctionnaires, mais surtout pour toute la population parce que les services publics, c'est ce qui tient le pays".
"Le gouvernement doit cesser de mépriser les fonctionnaires et les services publics", a insisté la leader de la CGT.
Elle assure que dans les écoles, cette grève "sera très suivie car il y a une énorme colère". Avec l'inflation, certains fonctionnaires de l'école publique sont obligés de se serrer la ceinture.
Des fonctionnaires frustrés
C'est le cas de Nadège, 43 ans, technicienne de recherche et de formation. Elle assiste les professeurs de l'enseignement scientifique dans un lycée isérois.
"On limite un peu ses sorties, on essaye de pouvoir se payer un peu les vacances et on a les enfants, les études qui arrivent. Parfois c'est compliqué", confie-t-elle.
Après 15 ans dans le public, Nadège ressent de la frustration avec un salaire de "2.000 euros net par mois". Elle est obligée de faire de plus en plus attention à son budget personnel, devenu difficile à gérer.
Une frustration partagée par Sandrine, qui exerce le même métier dans le Rhône. Récemment, cette mère célibataire a changé de catégorie dans la fonction publique. Mais son salaire n’a augmenté que de quelques dizaines d’euros: "En devenant catégorie A, je pensais que j'y arriverai mieux. Mais l'inflation fait que finalement je n'y arrive plus."
"Donc je fais le nécessaire pour que toutes mes factures soient payées et après, en fonction de ce qu'il me reste, on tape dans les stocks", avoue Sandrine qui ne se mobilisera pas mardi, au risque de perdre une journée de salaire. Christine, elle, fera le sacrifice, pour rattraper une injustice:
"On a l'impression qu'on n'est absolument pas entendus"
Pour cette secrétaire académique adjointe du Syndicat national des personnels titulaires et contractuels de l'Éducation nationale, l’avenir de sa profession est en jeu: "Ça serait bête que ce métier disparaisse par manque d'attractivité."
Les syndicats sont également inquiets des 900 millions d’euros d’économie annoncés par le gouvernement dans la recherche et l’enseignement supérieur l’année prochaine. Ils demandent aussi une hausse du point d'indice. Mais cette augmentation a déjà été exclue par le ministre de la Fonction publique. Stanislas Guérini défend les 3,5% d'augmentation générale accordés en 2022 et la revalorisation de 1,5 % qui a suivi en 2023, après douze ans de gel quasi ininterrompu du point d'indice.