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Harcèlement à l'école: déposer le téléphone à l'entrée du collège, une fausse bonne idée?

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Le gouvernement tente d'apporter des réponses face à la montée de violence dans les établissements scolaires et au harcèlement en ligne. La ministre de l'Education, Nicole Belloubet souhaite interdire les portables au collège en obligeant les collégiens à les déposer dans des boîtes à l'entrée des établissements. Les parents d'élèves sont sceptiques.

La lutte contre le fléau du harcèlement en ligne chez les jeunes passe-t-elle par une interdiction du portable au collège? La ministre de l’Éducation nationale Nicole Belloubet souhaite une "pause numérique" pour tous les collégiens en réaction aux récentes violences contre des collégiens, à Montpellier et à Viry-Châtillon notamment. Concrètement, pour lutter contre le harcèlement, elle suggère que tous les collégiens aient à déposer leur téléphone portable dans une boîte, à l'entrée de l'établissement.

"Le harcèlement se poursuit après le collège", rappelle le Snes-FSU

Mais cette idée divise. Même si le téléphone peut être utilisé pour harceler, l'interdire dans les collèges ne serait pas forcément très efficace selon Sophie Venetitay, secrétaire générale du syndicat enseignant SNES-FSU.

"Ce qu’on montrait dans les dernières affaires, c’est que le harcèlement continuait après le collège. Même si on appliquait ce que la ministre veut, ça pourrait continuer le soir, la nuit, au moment où ils se retrouvent seuls avec leur téléphone portable. Et c'est bien là le problème", commente-t-elle sur RMC.

"J’ai vécu le harcèlement, mais il n’y avait pas de téléphone"

Certains enseignants y sont pourtant favorables, assurant que ça permettrait de "garder la salle de classe comme lieu neutre" et un "lieu de protection", comme en témoigne à notre micro, Viviane, enseignante et mère de deux adolescentes.

À côté d'elle, sa fille Séléna, 15 ans, est plus mesurée. Prendre les téléphones de tous les élèves, ce n'est pas la meilleure solution pour lutter contre le harcèlement.

“Ce n’est pas une règle qui devrait être appliquée à tout le monde. Il y a des gens qui vont au-delà des limites et ce sont ceux-là qu’il faut punir. Il faut quand même laisser les ados se responsabiliser eux-mêmes”, appuie-t-elle.

D'autant plus que confisquer les téléphones ne réglerait pas tous les problèmes pour Ninon, élève en 3e. “Ça peut le régler pour les affaires où le téléphone est utilisé comme violence. Moi, j’ai vécu le harcèlement mais il n’y avait pas de téléphone”, illustre-t-elle.

"Utiliser un tel outil, cela doit s'apprendre", plaide la FCPE

Que faire donc face à ce problème du harcèlement en ligne? Grégoire Ensel, président national de la FCPE dénonce sur RMC également un "problème logistique intenable" sur la proposition de la ministre, rappelant que dans les collèges, l'utilisation du téléphone portable est déjà interdite depuis 2018.

L'invité de Charles Matin : Déposer le téléphone à l'entrée, obligatoire au collège ? - 08/04
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Grégoire Encel note une "injonction paradoxale" alors qu'on demande aux enfants de plus en plus utiliser leur téléphone, notamment pour les notes des contrôles avec l'outil en ligne Pronote.

Pour lui, une solution plus efficace serait donc une meilleure formation et sensibilisation aux outils numériques. La FCPE demande ainsi qu'il y ait un plein apprentissage au collège, de la façon dont on se serre du téléphone, des réseaux sociaux, et aussi des médias pour détecter des fake news.

"Les enfants, avec le téléphone, on leur donne des superpouvoirs, mais aussi des pouvoirs de nuire. Utiliser un tel outil, cela doit s'apprendre, et ça manque", plaide-t-il.
G.D et J.A.