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"La France n'est pas un pays de sport": l’avis tranché d’Arthur Chevallier

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Le président de la République a annoncé vouloir créer une fête des sports le 14 septembre. L’avis tranché d’Arthur Chevallier, écrivain et éditeur, ce lundi sur RMC, est que c’est une bonne idée qui permettrait de réconcilier la France avec le sport.

La France n’est pas un pays de sport. Pour les Français, l’activité physique, c’est un truc populaire, pas sérieux, et même un peu barbare. Alors, ce mépris pour les sportifs vient de notre culture, où on oppose toujours le corps et l’esprit, le cerveau et les jambes. Si vous faites du sport, c’est que vous n’êtes pas un intellectuel, donc vous êtes un idiot. C’est soit l’un, soit l’autre.

Mais les Jeux Olympiques ont plutôt prouvé le contraire, disent certains. Il est vrai que les Français ont vibré pendant des semaines avec leurs athlètes. Les JO se passaient à Paris, tout le monde nous regardait, et être au centre de l’attention, c’est la passion de la France.

Dès qu’une grande compétition se passe dans le pays, les Français se transforment en supporters. Mais le mépris reprend vite le dessus. Il suffit de voir les polémiques sur les salaires des joueurs de foot. On les fait passer pour des crétins qui courent derrière un ballon, et qui ne servent à rien dans la société. Tout le monde aurait le droit des gagner des millions, sauf eux.

Prenez l’exemple du PSG, ce club est détesté parce qu’il y a de l’argent, des stars et qu’il gagne tous les matchs. Vous ne verrez jamais une réaction pareille dans d’autres pays.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
L'avis tranché d'Arthur Chevallier : La France n'est pas un pays de sport ! - 16/09
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Les Etats-Unis et la Chine, des véritables pays de sport

Alors que c’est plutôt différent à l’étranger. Aux États-Unis, les plus grandes universités recrutent des étudiants dans le monde entier d’après leurs qualités sportives. La Chine, dans une version un peu plus dictatoriale, a des programmes d’État pour former des champions. On parle quand même des deux premières puissances du monde, c’est donc que le sport ne doit pas être si inutile que ça.

Même l’Angleterre, dans une version un peu plus snob, a toujours considéré le sport comme important. Le tennis, le rugby, l’équitation sont des passages obligés de l’éducation de l’aristocratie britannique. À Londres, le football, c’est un sport national. Et au stade, vous croisez des banquiers et des ouvriers.

Mais alors pourquoi la France n’arrive pas à s’y mettre? Simplement parce que la France méprise la compétition et la performance. C’est politique. Les Français sont obsédés par l’égalité, l’humilité, la modestie. On doit s’excuser de réussir, et même de vouloir réussir.

On préfère maintenir un maximum de gens vers le bas plutôt que de permettre à certains d’atteindre des sommets. Ce qui ne va pas très bien avec le sport puisqu’à la fin, il y a toujours un vainqueur et un perdant. Bref, il y a en France une culture de la médiocrité. Alors les champions, on n’aime pas ça. Ils sortent du lot, et pour nous, c’est impardonnable.

Les JO ont-ils changé les Français?

Mais justement, est-ce que les JO ne sont pas l’occasion de sortir de cette logique? Oui, mais à condition de ne pas transformer les JO en pièce de musée. La fête du sport ne doit pas être un jour de commémoration de plus, où tout le monde se rassemble avec des drapeaux en chantant la marseillaise. Non, ça doit être l’occasion d’une révolution des mentalités.

Les JO nous y invite, mais aussi et surtout les Paralympiques. Les athlètes handicapés l’ont répété pendant des semaines: ils ne veulent pas être vus comme des victimes, mais comme des performeurs. La vie, c’est une compétition. Il faut apprendre à être des champions, mais aussi à aimer les champions, à admirer ce qui est exceptionnel et nous dépasse. La fête du sport, ça doit être l’occasion du retour des héros.

Arthur Chevallier