RMC
Éducation

"Les toilettes mixtes dans les écoles, une aberration": l’avis tranché d’Arthur Chevallier

placeholder video
Les établissements scolaires expérimentent de plus en plus les toilettes mixtes. Pour l’écrivain et éditeur Arthur Chevallier, c’est une aberration. C’est son avis tranché ce mardi sur RMC.

Faire pipi, c’est politique. C’est une docteure en géographie du genre, qui accompagne des établissements dans cette belle aventure de la mixité des toilettes, qui le dit. Alors, pour citer son entretien dans Le Parisien: “Que signifie-t-on aux enfants quand on leur dit, à six ans, qu’ils doivent aller dans des toilettes pour filles ou pour garçons? On crée un corps social des garçons comme de potentiels agresseurs”.

Ainsi, pourquoi est-ce que ça serait un problème de mélanger filles et garçons dans les toilettes? Parce que, pour eux, ça n’est pas naturel. Ce n'est pas une question de genre, c’est une question de confort. Les enfants ne grandissent pas dans la nature, mais dans une culture.

Depuis qu’ils sont petits, on leur dit d’aller dans les toilettes fille ou garçon. Pour eux, ce n'est pas politique, c’est juste normal. L’idée n’est pas complétement idiote puisque ça leur permet d’avoir une intimité. Et l’intimité, on ne la partage pas. Pas parce que c’est mal, mais parce que ça nous gêne.

Un exemple qui parlera à tout le monde: on se déshabille plus facilement devant un garçon quand on est un garçon, et devant une fille quand on est une fille. Pourquoi forcer des enfants à faire à l’école ce qu’ils ne font nulle part ailleurs, et qui a priori les met mal à l’aise?

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
L'avis tranché d'Arthur Chevallier : "Toilettes mixtes dans les écoles, une aberration" - 08/10
3:36

Les toilettes séparées, une norme depuis le début du XXe siècle

Les toilettes, ça varie selon les époques et les pays. La France n’a pas la réputation d’être très portée sur l’hygiène. En réalité, dès le Moyen Âge, on installe des “chambres d’aise”, c’est-à-dire des toilettes publiques. Ça, c'est pour les pauvres. Les riches ont des latrines chez eux. Mais pour les pauvres comme pour les riches, les toilettes sont mixtes.

Il faut attendre le XIXe siècle pour voir des toilettes séparées généralisées. Ça s’inscrit dans un mouvement où il y a des endroits réservés pour les femmes. Alors oui, ça revenait à séparer les sexes. Mais à l’époque, l’idée, ce n'était pas d’être patriarcal, mais d’être galant. On pensait que les femmes seraient plus à l’aise et surtout que ça les protégeait des hommes. Et au début du XXe siècle, c’est devenu la norme, y compris dans les entreprises: les toilettes hommes d’un côté, les toilettes femmes de l’autre. Et tout le monde trouvait ça bien.

Si on a déjà fait différemment, on peut changer à nouveau. Mais l’idée, ce n'est pas de changer pour changer. Et surtout, la mixité n’a pas été inventée pour éduquer les garçons à devenir des agresseurs. C’est exactement le contraire. À une époque où on interroge la sécurité des femmes, où le procès Mazan met en évidence la monstruosité de certains comportements, on pourrait se dire qu’avoir un endroit où les femmes peuvent être tranquilles, ce n'est pas si mal. D’ailleurs, être un enfant, fille ou garçon, c’est déjà assez compliqué comme ça. Il faut jouer quand on vous le dit, travailler quand on vous le dit, dormir quand on vous le dit. Bref, c’est que des contraintes. Ils ont peut-être le droit d’être au moins tranquilles aux toilettes.

Arthur Chevallier