Mission RMC - Opération Barkane: Gossi, les armes baissées

Pour lutter contre le terrorisme, l’armée française ne mise pas que sur des opérations strictement sécuritaires, d’autant qu’il est impossible de dire combien de temps l’engagement militaire de la France va durer.
Pour se faire accepter des Maliens, et stabiliser durablement le pays, Barkhane développe des projets en partenariat avec la population autour de chacune de ses bases: rénovations d’infrastructures, aide médicale à la population, soutien à l’éducation.
C’est le cas par exemple dans la ville de Gossi, une ville rurale de 8.000 habitants, proche de la frontière avec le Burkina Faso, lieu de ravitaillement des groupes armés dans la région et régulièrement en proie aux violences.
"Retrouver la paix, non pas par le combat, mais surtout par les projets associatifs"
Des maisons en terre, des ordures au sol, quelques échoppes: il y a encore quelques mois, Gossi était une ville fantôme, terrorisée. Les blindés de Barkhane et les pick-up des Fama, les militaires maliens, arrivent ensemble sur la place de la mairie.
Ce matin, le lieutenant Emilie patrouille sans casque, sans gant et ne tient pas son arme pour ne pas faire peur aux habitants: "Le but c’est d’essayer de retrouver une paix, non pas par le combat, mais surtout par les projets associatifs et structurants. Ce qui est important de comprendre, c’est que c’est ensemble qu’on peut y arriver".
Une vingtaine de femmes aux foulards et pagnes colorés se retrouvent pour la toute première fois dans leur nouvelle maison des femmes. L’ancien lieu associatif a été détruit par des terroristes.
"Lorsque la Fama et Barkhane n’étaient pas là, tout le monde restait chez eux, tellement ils avaient peur de sortir"
"La plupart des femmes ici ont perdu leur mari", explique Madame Dicko, la présidente de l’association des femmes de Gossi, son mari a été enlevé par des groupes armés.
"Avant, lorsque la Fama et Barkhane n’étaient pas là, tout le monde restait chez eux, tellement ils avaient peur de sortir. Toutes les femmes de Gossi, la plupart sont devenues de veuves et les enfants des orphelins. Mais aujourd’hui nous sommes en sécurité parce qu’ils sont là, devant nous. On peut sortir, faire notre marché, se balader même la nuit, avant ce n’était pas possible".
De l’autre côté du mur en béton tout juste refait à neuf, le jardin d’enfants accueille de nouveau, 80 écoliers. C’est l’une des rares écoles maternelles de la région à avoir pu ouvrir.
Comment imaginer que c’est dans cette cour d’école que des djihadistes ont froidement exécuté des hommes, des pères de famille. Pour Amanarat, mère de famille, le retour de ses enfants à l’école apporte un peu d’espoir: "Nous sommes très heureuses de voir nos enfants comme ça. Avec ces enfants, on est en train de cultiver l’ère à venir. Sans la paix, il n’y a rien".
Il manque encore un tableau noir, des tables, des chaises d’écoliers. Aucune organisation humanitaire n’est revenue s’installer durablement à Gossi.
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