“On va vers la ruine de l'établissement”: un lycée en difficulté des Yvelines lutte pour un demi-poste de CPE

Le lycée Condorcet, à Limay, classé “politique de la ville”, représente l’équivalent de REP pour les collèges et écoles. Les médias en ont beaucoup parlé en novembre dernier: des tirs de mortier ont été lancés dans l’établissement, les élèves ont paniqué.
Le lycée Condorcet est donc un établissement sensible et pourtant, fin mars, les professeurs ont appris qu’un demi-poste de CPE (les conseillers principaux d'éducation) allait être supprimé à la rentrée de septembre. Un prof a contacté RMC pour faire part de son inquiétude. Pierre-Antoine enseigne les SES: pour lui, cette décision est incompréhensible alors que le climat est toujours aussi tendu dans l’établissement.
“On a des collègues, on leur a jeté des projectiles dessus. Au bout d’un moment, si on nous donne moins de moyens, effectivement, les élèves seront moins en sécurité, les enseignants se sentiront moins en sécurité… On va vers la ruine de notre établissement”.
Ça veut donc dire moins d’heures pour accompagner et surveiller les 1.280 élèves. Les professeurs se sont mobilisés à plusieurs reprises depuis la mauvaise nouvelle, aux côtés de parents d’élèves et de lycéens, eux aussi très inquiets :
“Les CPE n’ont pas toujours le temps de nous écouter, surtout vis-à-vis du harcèlement scolaire. Si on supprime un demi-poste, ils en auront encore moins”, témoigne un élève.
“Il y a un sentiment, d’une part, de crainte, puis de révolte, de voir nos enfants dans des conditions d’enseignements comme celles-ci”, poursuit un père de famille.
Que répond l’Académie de Versailles?
“RMC s’engage avec vous” a contacté l’Académie de Versailles, qui se justifie: il s’agit d’équilibrer “les ressources éducatives entre les différents établissements” de l’Académie… Sauf que le lycée Condorcet est un établissement difficile et qu’à la rentrée, il y aura 48 élèves supplémentaires, d’après les enseignants.
La rédaction a donc interpellé l’Académie et bonne nouvelle: nous avons obtenu un engagement à maintenir les trois postes de CPE à la rentrée, au moins pour l’année scolaire qui vient.
Les enseignants, inquiets, craignent que cette solution ne dure qu’un an. D’autant que les collèges prioritaires, eux, sont soumis à une obligation: un CPE pour 400 élèves, ce qui, aujourd’hui, n’est pas le cas, pour les lycées.
Vendredi dernier, le député Écologiste de la circonscription Benjamin Lucas s’est rendu devant l’établissement. Il compte interpeller le gouvernement à l’Assemblée en fin de semaine et demander un moratoire sur les suppressions de postes et de classes dans les établissements scolaires. Afin de prendre le temps d'étudier et de recenser les besoins des personnels avant de supprimer des postes.