Prof giflée pour avoir demandé à une élève de retirer son voile: "On attend des sanctions lourdes"

Une lycéenne a été placée en garde à vue après avoir giflé une professeure qui lui demandait de retirer son voile, à Tourcoing (Nord). Un incident lié à la laïcité qui choque les professeurs et les élèves.

Que s'est-il passé ce lundi au lycée Sévigné de Tourcoing? Une élève de terminale a été placée en garde à vue, soupçonnée d'avoir insulté et giflé une enseignante qui lui aurait demandé de retirer son voile.

La ministre de l'Éducation Anne Genetet, s'est entretenue avec la professeure. Elle dénonce un acte qui défie l'"école laïque" et "la République" et indique avoir demandé "des sanctions disciplinaires très fermes". Selon BFMTV, les parents de l'élève seraient "remontés". Pour eux, c’est l’enseignante qui a frappé leur fille, qui se serait ensuite défendue. La police dément cette version.

Au sein de l'établissement, élèves et professeurs sont choqués. "Cela n'aurait pas dû partir aussi loin, l'élève aurait juste dû enlever son voile et le mettre à la sortie du lycée comme toutes les filles font", assure à RMC une élève du lycée.

Une enseignante "gentille et à l'écoute"

"Les élèves souhaitent pouvoir remettre leur voile dans les toilettes de l'établissement et pouvoir profiter des miroirs, c'est la même chose pour les enlever", explique ce mercredi sur RMC et RMC Story Carole Zerbib, proviseure dans un lycée parisien et codirigeante de l'observatoire de la laïcité du SNPDEN-UNSA. "Cela implique de passer le seuil symbolique de l'établissement scolaire avec le voile, ce qui est interdit depuis la loi de 2004", rappelle l'enseignante.

Le parti-pris : Tourcoing, une élève agresse une enseignante - 09/10

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"La prof, elle voulait juste imposer les règles", poursuit l'élève du lycée Sévigné. "Cette enseignante est super gentille, à l'écoute, il n'y a jamais eu de problème avec elle", assure une autre.

"Ce qui est incompréhensible, c'est que cet élève a vécu ce rappel à la loi comme une agression", reprend Carole Zerbib. "C'est normal que des élèves cherchent à se confronter à la limite. Ce qui n'est pas normal, c'est ce déchaînement de violence".

L'élève interdite d'accès au lycée

"On ne sait pas précisément ce qu'il s'est passé dans la tête de l'élève mais ce sont des adolescents et de jeunes adultes qui peuvent parfois jouer avec les règles et ça s'est retourné contre une collègue", confirme Jean-François Carémel, secrétaire général du SNES-FSU Lille.

Une cellule psychologique a été mise en place pour les enseignants. La professeure victime, elle, a porté plainte. Placée en garde à vue lundi soir, l'élève est interdite d'accès au lycée dans l'attente de son conseil de discipline.

"On attend des sanctions lourdes. Les chefs d'établissement ont peur, qui a envie de risquer sa vie en faisant son travail?", interroge Carole Zerbib qui rappelle le meurtre de Samuel Paty et les menaces qu'a dû subir le proviseur du lycée Maurice Ravel à Paris pour avoir demandé à une élève de retirer son voile. "C'est possible qu'il y ait des enseignants qui aient peur de rentrer dans le conflit", conclut-elle.

Vincent Vieillard et Solène Gardré avec Guillaume Dussourt