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Éducation

Profs qui se moquent de leurs élèves sur les réseaux: "C'est immonde, certains affichent même les parents"

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Entre mal-être professionnel et dérives numériques, certains enseignants franchissent la ligne rouge. Moqueries envers des élèves sur les réseaux sociaux, critiques de parents en salle des profs, atteintes à la dignité sous couvert d’humour: ces pratiques choquent et divisent. Tandis que certains dénoncent une forme d’appel à l’aide face à une école en crise, d’autres pointent une dérive éthique incompatible avec la mission éducative.

En 2019, au lycée Fulgence-Bienvenüe de Loudéac, dans les Côtes-d’Armor, une enseignante qui pourrait avoir connu quelques difficultés en classe avec ses élèves, s’étaient ouvertement moqué d’eux sur Instagram. Elle écrit un message au sujet d’une lycéenne: “cette gamine m'énerve à tricher bêtement. La prochaine fois que tu triches, fais-le intelligemment, ce qui semble fort difficile pour toi".

Émoi des parents dont deux ont porté plainte. De son côté, le proviseur de l’établissement avait évoqué “un comportement inapproprié”. “Peut-être l’écho du mal-être de certains enseignants”, selon le responsable de l’établissement qui rappelle toutefois que son rôle est “de protéger les élèves”. De son côté, l’enseignante avait admis “une erreur regrettable”.

Plus récemment, en 2023, des signalements ont été transmis au ministère de l’Éducation nationale à l’encontre d’un petit noyau d’enseignants très actifs sur les réseaux sociaux. Sous couvert d’humour et le plus souvent sous pseudo, ces professeurs suivis par des milliers d’abonnés se moquaient régulièrement d’élèves dyslexiques ou atteints de troubles cognitifs au nom de leur refus de l’école inclusive.

Réseaux sociaux : des profs qui se moquent des copies de leurs élèves, marrant ou choquant ? - 03/07
Réseaux sociaux : des profs qui se moquent des copies de leurs élèves, marrant ou choquant ? - 03/07
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Une pratique "immonde"

Pour Pierre Rondeau, chroniqueur dans l’émission Estelle Midi et professeur d’économie à Paris, cette pratique est choquante mais compréhensible: “Ça me dérange quand ces enseignants font ça avec des collégiens et lycéens. Il est vrai qu’il y a des élèves qui ne savent pas bien lire ni écrire et ce n'est pas la faute du prof. Mais le mettre en avant sur les réseaux sociaux, c’est parfois aussi un appel à l’aide, une sonnette d’alarme pour dire d’arrêter de faire passer des élèves qui n’ont pas les acquis, qui ont un niveau cataclysmique au lycée ou dans le supérieur. On donne le bac à tout le monde, y compris ceux qui ne savent pas écrire”, assure-t-il dans l’émission de ce jeudi.

Karine, enseignante en segpa, trouve ces pratiques “immondes”. “On est censé être un exemple pour les élèves, si on veut être respecté par nos élèves, il faut aussi les respecter. Je trouve ça honteux, méprisant”, dit-elle.

“J’ai déjà vu pire en salle des profs avec certains enseignants qui affichent des mots de parents et corrigent les fautes d’orthographe. Ils se moquent des parents aussi. Mais il ne faut pas oublier que les enfants sont représentatifs de notre société”, conclut-elle.

Aurélien, formateur, n’est également pas d’accord avec cette pratique. Mais il admet: “je travaille effectivement avec des jeunes étudiants et c’est vrai qu’ils ne sont pas aux niveaux. Il faut parfois accepter le redoublement”.

C.A