Emeutes: le rôle crucial des éducateurs mis en danger par le manque de subventions

Un peu plus de trois mois après les émeutes, le gouvernement tente d'apporter des réponses aux violences urbaines qui ont touché la France au début de l'été. C'est l'objet ce jeudi d'un Conseil national de la refondation (CNR) qui se tient à Matignon. Objectif du gouvernement, éviter que ces nuits de violences se répètent à l’avenir. Et ces émeutes ont mis en lumière l’importance des éducateurs de rue.
A Troyes (Aube), certains quartiers ont été touchés par les émeutes en juin dernier. Mokhtar et Zouir y suivent une quinzaine de jeunes au quotidien. Ils sont aussi bien capables de faire de l’accompagnement scolaire, que d’aller discuter dehors avec les jeunes du quartier: ces éducateurs spécialisés ont la tête partout. Mokhtar accompagne ces collégiens: "On tisse du lien entre les familles, l’école, le droit commun, où souvent dans certains territoires, il n’y a plus de service". Un travail de fond indispensable, qui s’inscrit dans le temps long.
“Encore une fois, on attend des résultats tout de suite. Mais pour qu’une famille ou qu’un jeune commence à nous faire confiance, ça peut prendre six mois, un an”, détaille-t-il.
Leur influence est pourtant bien réelle. Nassuf, en classe de 6e, a adhéré à ce suivi. “Ils font attention à moi. Ils essayent de me mettre sur le bon chemin et c’est bien parce que je sors un peu”, assure-t-il.
Des subventions coupées
Pourtant, ce rempart contre l’exclusion est en train de s’éroder. La ville a coupé les subventions au début de l’été. Résultat, trois postes d’éducateurs ont été supprimés. Julie Naudinot, la directrice de l’association “Jeunesse pour demain", s’en inquiète.
“Du coup, il y a plus de gens qui risquent de passer à travers les mailles du filet parce que moins on est, moins on est présent dans la rue. Dans leur mission, ils sont amenés à déambuler dans le quartier et à passer du temps vraiment dans le quartier. On fait beaucoup moins que ce qu’on faisait”, appuie-t-elle.
À terme, “le risque, c’est de ne plus réussir à toucher certaines familles et certains jeunes qui auraient pourtant besoin d’aide”, ajoute-t-elle.
Texte modifié le 02/01/2024