Euro 2016: “Il n’est pas exclu que certaines fan zones soient fermées”

A l’approche du lancement de l’Euro 2016, le 10 juin prochain, les questions sur la sécurité de cet événement hors normes se multiplient. Se pose en particulier la question du devenir des fan zones, ces espaces prévus pour réunir dans plusieurs grandes villes des milliers de supporters devant des écrans géants. Des espaces propices aux mouvements de foule notamment, et qui représentent un casse-tête sécuritaire en plein état d’urgence et dans une période où le risque d’attentats reste élevé.
Face à ces préoccupations, le ministre des Sports, Patrick Kanner, a annoncé ce jeudi le doublement des moyens consacrés à la sécurisation des fan zones, pour permettre l'emploi d'“un agent de sécurité pour 100 personnes, dans les moments les plus lourds.”
Jusqu'a 8 millions de personnes dans les fan zones
L’Euro 2016, c’est 51 matchs, 31 jours, 2,5 millions de spectateurs dans les stades, 1,5 million d’étrangers, 8 millions de personnes possibles dans les fan zones, a rappelé Claude Tarlet, président de l’Union des entreprises de sécurité privée, au micro de Jean-Jacques Bourdin. Dans ces conditions, un agent de sécurité pour 100 personnes, cela signifierait pas moins de 80.000 agents, soit un chiffre astronomique, que Claude Tarlet n’est pas en mesure de confirmer, tout comme il ne peut assurer que toutes les fan zones soient ouvertes :
“Je ne suis pas le ministre des Sports, je suis là pour tenir ni un langage anxiogène, ni un langage angélique, simplement pour dire la réalité. Les entreprises de sécurité se sont mobilisées pour participer à la chaîne de sécurité de cet événement. Nous n’avons pas la décision politique de maintenir ou non les fan zones mais nous nous sommes engagés à la demande de l’Etat.”
24 millions d'euros
Aujourd’hui, 8.500 hommes sont prévus dans les stades pendant cette compétition, ainsi que 2.500 à 3.000 personnes dans les fan zones. Interrogé sur la possibilité d’ouvrir ou non toutes les fan zones dans des conditions de sécurité adéquates, Claude Tarlet n'a écarté aucune possibilité. “En l’état actuel, cela peut très bien ne pas être suffisant, si le niveau de la menace continue”, a-t-il expliqué, estimant qu'il n'était "pas exclu" que l'Etat décide de fermer certaines zones. Claude Tarlet a tenu tout de même à réaffirmer l'importance des moyens mis en place :
“Aujourd’hui, avec 3.000 hommes, compte-tenu des cahiers des charges établis et en fonction du niveau des risques définis, compte-tenu aussi du fait que ces fan zones sont des espaces fermés, sécurisés, que des moyens nouveaux ont été mis en place par l’Etat (24 millions d’euros) et qu’il existe un contrôle à l’accès (les bagages devront rester à l’extérieur, des palpations de sécurité ont été prévues...) ; et enfin que des moyens importants ont été prévus pour la vidéosurveillance, il est possible de maintenir ces fan zones dans un certain nombre d’endroits.”
Ouvrir toutes les fan zones ou non, ce sera pour Claude Tarlet une décision politique, à laquelle les entreprises de sécurité ne pourront que s’adapter : “Nous serons présents, à condition que les conditions de sécurité soient réunies.”
La fiabilité des agents sera assurée
Outre la question de la sécurité des lieux, se pose enfin celle de la fiabilité des hommes et femmes engagés pour assurer cette sécurité. Sur ce point, Claude Tarlet est catégorique, expliquant que pour chaque personne embauchée, une enquête administrative est menée. “Nous sommes dans un cadre contrôlé, personne ne peut faire ce métier sans avoir un passeport sécurité, qui est une sorte d’agrément délivré par le Conseil national des activités de sécurité sous le contrôle de l’Etat. Le cadre est clair.”
“Nous avons un besoin de 10.000 hommes. Sur le papier nous avons réuni l’ensemble des effectifs nécessaires. Nous nous sommes préparés avec responsabilité depuis plus d’un an pour être prêts”, a conclu le président de l’Union des entreprises de sécurité privée.