Fermeture d'un bureau de poste en Dordogne: "on risque d'être sacrifiés au nom de la rentabilité financière"

Le maire de Saint-Léon-sur-l'Isle redoute une fermeture du bureau de poste de sa commune - AFP
Jean-Luc Laforce, maire de Saint-Léon-sur-l'Isle:
"Il y a un mois, nous avons reçu un courrier du service immobilier de La Poste indiquant que l'immeuble qui accueille le bureau de poste de notre commune allait être mis en vente. Il nous précise dans ce courrier que l'activité postale sera toutefois maintenue par le nouveau propriétaire le temps du bail actuel. Il est aussi précisé que si la commune veut acheter le bureau de poste, elle dispose d'un délai de trois semaines pour le faire.
Face à ce courrier, il y a trois semaines, j'ai écrit au service immobilier de La Poste pour lui demander quel était le terme du bail tout en l'informant que le délai de trois semaines était caduc: le bâtiment étant dans un périmètre de préemption, la commune pouvait faire valoir son droit prioritaire à acquisition du bien lors de la vente. En clair, on n'a pas un délai de trois semaines mais beaucoup plus. A ce jour, je n'ai toujours pas reçu de réponse à ce courrier. On ne sait donc toujours pas jusqu'à quand court le bail. Cela peut être dans un mois, six mois, un an… Nous l'ignorons.
Déjà un aménagement des horaires en 2015
Le fait qu'ils précisent que l'activité postale sera maintenue par le nouveau propriétaire jusqu'au terme du bail actuel peut signifier que celui-ci, à la fin du bail, peut très bien décider de faire autre chose, le transformer en appartements par exemple. Rien ne nous garantit non plus que si l'on achète le local, La Poste continue à le louer à l'issue du bail. Ils peuvent très bien décider de ne pas maintenir leur activité dans la commune.
Face à l'absence de réponse à ma lettre, nous, les élus, avons décidé de nous adresser à la population et d'organiser un rassemblement ce samedi. Nous voulons montrer notre réprobation vis-à-vis de cette vente et notre inquiétude quant au devenir de notre bureau de poste. Il faut savoir qu'en 2015 des dirigeants de La Poste avaient rencontré les élus pour signifier que les bureaux fermeraient désormais le samedi et le jeudi matin. Ce qui a eu des conséquences importantes sur la vie quotidienne des habitants. En effet, le samedi, les habitants de la commune travaillant en dehors n'ont plus les moyens de se rendre à La Poste. La fermeture du jeudi a une importance également puisque c'est le jour du marché sur la commune voisine de Saint-Astier. Or les habitants de Saint-Léon venaient retirer des espèces au bureau de poste pour se rendre sur ce marché. Désormais, ce service n'existe plus.
"La Poste est un service public essentiel dans la vie d'une commune"
A l'époque, j'avais fait part de mon désaccord en disant au directeur local de La Poste qu'il préparait petit à petit la désertification de notre bureau, et donc son éventuelle fermeture. Ce qui semble se confirmer car, nécessairement avec une fermeture le samedi et le jeudi matin, moins de monde se rend au bureau de poste. La fermeture de ce service public est d'autant plus malvenue que nous sommes en train d'essayer d'attirer du personnel médical, avec un nouveau médecin généraliste et l'agrandissement de la pharmacie.
Or, La Poste est un service public essentiel dans la vie d'une commune comme la nôtre. Pour rendre une commune attractive, il y a trois facteurs à bien prendre en compte: la présence de commerces, la présence de service public et la vie associative. Nous, nous portons tous nos efforts sur le développement des services publics. On y tient comme à la prunelle de nos yeux. Par exemple, on a agrandi et modernisé notre centre de loisirs et notre restaurant scolaire. On va aussi développer l'activité de notre bibliothèque. On a une micro-crèche, une halte SNCF avec un projet de création de parking autour de celle-ci.
On offre donc le maximum de ce qui est de notre ressort pour permettre que les services publics soient de plus en plus attractifs et répondent aux besoins de la population. Mais, de l'autre côté, on a une épée de Damoclès au-dessus de notre tête avec cette menace autour de l'existence de ce bureau de poste. On risque donc d'être sacrifiés au nom de la rentabilité financière".