Français depuis 25 ans, il n’existe pourtant pas pour l’état civil et ne peut plus sortir de France

André vit à Sotteville-lès-Rouen, en Seine-Maritime, avec sa compagne et leurs trois fils. Électricien, il consacre une bonne partie de son temps libre à entraîner une équipe de foot locale.
L’année dernière, il se fait voler son portefeuille dans les vestiaires. Pas de chance, sa carte d’identité est à l’intérieur. Il fait une déclaration au commissariat. Pour refaire ses papiers, l’administration lui réclame un extrait d’acte de naissance. Mais à l’état civil, l’officier est formel: "Désolé cher monsieur, vous n’existez pas dans nos fichiers". Depuis un an, André ne peut donc plus se déplacer hors de France.
"Je devais aller à Bruxelles, mais je n'ai pas voulu prendre le risque. Si je me fais contrôler, je donne mon permis de conduire, mais si on me demande une carte d'identité que vais-je dire? Je suis un Français sans papier", déplore André au micro de RMC.
Une erreur lors de la transcription de son état civil
En théorie, c'est impossible de ne pas apparaître dans les fichiers d'état civil. Mais il peut y avoir des loupés. André est né il y a 49 ans à l’étranger, d’un papa français et d’une maman sénégalaise. En 1997, comme la loi le lui permet, il prend la nationalité de son père. Il demande donc la transcription de son état civil sénégalais en droit français, c’est la procédure. Et il obtient son passeport bleu-blanc-rouge... mais avec une erreur.
"Sur mon passeport, il était marqué que j'étais né à Dakar. J'ai demandé pourquoi, alors que j'étais né à Pikine (à quelques kilomètres de Dakar la capitale, ndlr) et l'officier d'état civil m'a répondu que Pikine n'était pas reconnu et que Dakar, c'était pareil", raconte André.
Est-ce cette erreur de l’administration française qui explique la suite de l’histoire? Impossible de le savoir. En tout cas, son acte de naissance sénégalais n’a en fait jamais été retranscrit en France.
Une pièce d'identité manquante
Et c'est cela qui pose problème à André, 25 ans après. Il s'en était rendu compte par hasard en 2002. Il avait lancé les démarches auprès de l’état civil et du ministère des Affaires étrangères mais elles n’ont jamais abouti. Et ça ne lui a jamais posé de problèmes. Jusqu’à aujourd’hui.
"RMC s'engage pour vous" a donc repris son dossier et contacté toutes les administrations compétentes. Et c’est l’ambassade de France au Sénégal qui détient la clé du mystère: pour transcrire l’état civil d’André, il manque les pièces d’identité de ses parents. Mais André n’a que celle de son père, pas de sa mère...
André doit désormais reprendre contact avec le service de l'état civil à Dakar pour tenter de trouver une solution.