"Il y avait urgence": le prêtre d'Alençon a hébergé des migrants mineurs dans la basilique

Jeudi 11 mai, cinq jeunes migrants mineurs se sont installés dans la basilique d'Alençon (Orne), accompagnés par l'association Réseau éducation sans frontières (RESF) de l'Orne. Ils ont obtenu l'accord du Père Loic Gicquel des Touches, prêtre de la paroisse Notre-Dame d'Alençon, qui explique dans "Apolline Matin" ce mardi sur RMC et RMC Story les raisons de ce geste d'ouverture.
"Les responsables de l'association, que je connais, sont venus me voir le mercredi car il y avait urgence. Ils m'ont demandé s'ils pouvaient passer la nuit dans la basilique. J'étais un peu pris au dépourvu, je ne le cache pas. Ils m'ont dit que c'était juste pour passer la nuit. Je leur ai juste dit qu'il fallait que ce soit libre pendant la journée. Ayant vu ça ensemble, j'ai tout de suite donné mon accord", explique-t-il.
Désaccord entre l'association et la préfecture
Malgré cet accord, la préfecture de l'Orne a tout de même dénoncé une occupation "illégale" et explique qu'une solution d'hébergement avait été proposée et payée dans un hôtel pour ces mineurs, taclant les "méthodes" de l'association.
"Le préfet regrette et condamne les méthodes du collectif, qui occupe illégalement des lieux publics, la mairie puis la basilique. Il encourage les jeunes à se présenter en préfecture afin que leur situation puisse être examinée et une prise en charge organisée", était-il écrit dans un communiqué de la préfecture daté du vendredi 12 mai.
"J'insiste sur le sérieux et le professionnalisme des responsables de l'association. J'admire beaucoup leur combat", lance le prêtre sur RMC, comme s'il répondait en quelque sorte aux reproches du préfet.
Sur France 3, des responsables du Réseau éducation sans frontières ont d'ailleurs contesté la version de la préfecture, estimant que ces mineurs étaient sous la menace d'une OQTF (Obligation de quitter le territoire français): "Ces jeunes sont déclarés et ont été refusés par l’aide sociale à l’enfance (ASE). Et l’ASE ne prend pas en compte le principe de présomption de minorité."
Les jeunes ont quitté les lieux
Les jeunes ont finalement quitté la basilique lundi 15 mai. "C'était impeccablement rangé. Ils ont été assez discrets. Je ne m'attendais pas à cet écho médiatique qu'il y a eu. À partir du moment où cela fait connaître le sort de ces jeunes mineurs, je n'y ai pas vu d'inconvénients", explique le Père Loic Gicquel des Touches.
"C'est la première fois que l'on accueille des migrants dans la paroisse. Je ne suis pas du tout le premier et heureusement que par le passé, d'autres curés ont fait la même chose. (...) Je pense que le Christ n'aurait pas fait différemment, c'est ça qui me guide vraiment", témoigne-t-il, assurant qu'il est prêt à partager son expérience avec d'autres paroisses si elles s'interrogent sur des actions similaires à l'avenir.