"J'ai décidé de tenter ma chance ailleurs": 30% des Français prêts à quitter le pays pour l'étranger

Est-ce le début d'un grand exode? Selon un sondage OpinionWay pour EconomieMatin et Taiga, 30% des Français songeraient à quitter le pays pour aller vivre et travailler ailleurs en raison du climat politique et économique.
Près de la moitié des jeunes auraient des envies d'ailleurs! Ils seraient ainsi 54 % parmi les 18-24 ans a vouloir franchir les frontières. Côté politique, ce sont les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, de Marine Le Pen et les abstentionnistes qui semblent les plus meurtris par l’évolution de leur pays, et prêts à rejoindre les 2 millions de Français qui vivent à l'étranger.
Eric, 56 ans, sans profession, a déjà fait le choix de partir. Direction la Grèce et l'île de Rhodes pour monter une affaire de scooters et vélos électriques. "C'est pour le côté insulaire et la solidarité qui existe. J'y ai aussi de la famille et mon fils aîné qui y vit. C'est difficile de trouver du travail à mon âge, j'ai décidé de tenter ma chance ailleurs", explique-t-il ce lundi sur RMC et RMC Story.
Partir oui, mais pas sans la carte Vitale
Une aventure qu'il juge impossible à mettre en place en France, en raison notamment de la "pression fiscale". Il ne s'interdit pas cependant de venir finir ses jours en France ne cachant pas son choix de garder sa carte Vitale et profiter de la sécurité sociale: "Toute ma vie j'ai payé, j'ai cotisé, je n'ai pas à rougir de quoi que ce soit", défend Eric.
Mais s'expatrier peut entraîner quelques soucis de ce côté. C'est ce qui est arrivé à Hélène. Née en France, elle décide de franchir le Rhin en 2016 pour travailler en Allemagne "pour l'expérience à l'étranger", pendant que son conjoint reste en France. Au bout d'un an, elle se rend compte qu'elle est enceinte et se tourne vers la sécurité sociale française pour connaître les démarches. "Ils m'ont indiqué que ça faisait plus d'un an que j'étais partie, que j'étais radiée et que je devais me débrouiller avec l'Allemagne", témoigne-t-elle.
"J'ai eu un double suivi médical, en Allemagne, pris en charge par la sécurité sociale locale, et en France. J'ai payé tous les frais médicaux et j'ai payé 6.000 euros. J'ai bataillé pendant deux ans pour obtenir gain de cause après avoir travaillé pendant 10 ans, mais non, vous partez, c'est débrouillez-vous", raconte Hélène sur le plateau d'"Estelle Midi".
"J'étais très fâchée contre mon pays. Il y a des étrangers qui arrivent et ont droit à des choses et moi je suis française et je n'ai eu le droit à rien", assure-t-elle.
La Suisse, destination prisée des candidats au départ
"Il y a une forme de déclassement économique en France", note de son côté Anne de Guigné, journaliste économique au Figaro et auteure de "Ils se sont souvent trompés". "Les régions où les gens s'enrichissent le plus, ce sont les régions frontalières avec des travailleurs qui vont bosser en Suisse, au Luxembourg ou en Allemagne. La France n'est cependant pas une terre d'émigration. Peu de de gens quittent la France", assure-t-elle.
Selon l'Insee, 160.000 Français auraient quitté leur pays en 2014 contre 50.000 seulement en 2004. Parmi les Français déjà partis à l'étranger, certains pays ont leur préférence. Ainsi, 15% d'entre eux ont choisi la Suisse, 13% l'Espagne et 13% le Canada.