"Je vis ça durement, la boule au ventre”: des résidents d’un camping mis à la porte par la mairie

Dans le parc national du Verdon, le camping municipal de l’Éouvière, à Artignosc-sur-Verdon (Var), est un havre de paix: 18 hectares de verdure, bordé par la rivière, encadré de champs de lavandes et de tournesols. 70 résidents à l’année, certains depuis plus de 25 ans.
Mais tout ça, c’est bientôt terminé. Cet été, sans crier gare et sans concertation, la mairie a décidé de confier la gérance à un groupe privé, qui veut transformer le terrain en complexe touristique. Les résidents sont priés de quitter les lieux avant le 31 décembre, au grand désespoir de Bernard et Adriana.
“C’est inacceptable, ça va être un désastre écologique dans le secteur. Et puis, on n'a que quatre mois pour débarrasser nos affaires, 20 ans de vie. Je vis ça durement, la boule au ventre”, témoigne Adriana.
“Moralement, on est atteints. On laisse une partie de nous sur les lieux, et on est mis à la porte sans aucune considération”, poursuit Bernard.
Une pratique légale
Si rien ne l’interdit, la mairie aurait, a minima, pu fournir une explication aux résidents et surtout, réclamer au groupe privé un délai plus long avant expulsion. C’est ce que réclame Bernard et c’est pour ça qu’il a contacté RMC s’engage avec vous.
“Qu’on nous laisse le temps, au moins un an, parce que c’est vrai que ce ne sont pas des caravanes. Quand on a des mobil-homes, ça pèse quand même son poids. En plus, en France, on ne peut pas les poser n’importe où. Nous n’avons vraiment pas le temps matériel pour pouvoir nous retourner”, explique-t-il.
Trois mois de “sursis” pour les habitants
Mais pour l’heure, la mairie refuse de bouger d’un iota. RMC a alors a contacté tous les interlocuteurs du dossier: la mairie, le groupe hôtelier, la préfecture, le ministère de l'Écologie, l’Agence de l’eau…
Car selon le maire, tout le problème vient de là: il doit rénover la station d’épuration dont dépend le camping et il n’en a pas les moyens. La facture grimpe à plus de 2 millions d’euros, pour une commune de 300 habitants… Il a donc fait le choix de céder la gérance du camping, et avec elle, les travaux de la station d’épuration.
La bonne nouvelle, c’est que le groupe hôtelier, Béarn Distribution, s’est montré conciliant auprès de RMC.
“On ne sera pas bête et méchant si des gens sont toujours là en janvier”, nous a-t-on assuré.
La rédaction a obtenu trois mois de sursis pour nos auditeurs et l’assurance qu’ils pourront rester jusqu’au 31 mars 2024, s’ils n’ont pas d’autre solution. Mais il n’y aura plus de camping municipal à Artignosc-sur-Verdon. Pour ça, nous n’avons malheureusement pas pu faire de miracle…