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L'Abbé Pierre visé par de nouvelles accusations: les victimes attendent des réponses

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L'Abbé Pierre est visé par neuf nouvelles accusations de violences sexuelles, dont un viol sur mineur et des faits concernant au moins un membre de sa famille, selon le dernier rapport du cabinet spécialisé Egaé. Une de ses victimes témoigne au micro de RMC.

Le cabinet Egaé, mandaté par Emmaüs pour enquêter sur les accusations contre les agissements de l'Abbé Pierre, a publié lundi 13 janvier 2024 un troisième rapport: neuf nouveaux témoignages ont été recueillis. Les victimes dénoncent notamment des agressions sexuelles, un viol sur mineur et un cas d'inceste, subis entre les années 60 et le début des années 2000.

Cela porte à 33 le nombre de témoignages visant l'abbé Pierre, décédé en 2007. Et selon Egaé, les derniers témoignages "ne permettent absolument pas de dresser un état des lieux exhaustif des comportements de l'abbé Pierre". Une vingtaine d'autres, ceux-là "parfois anonymes ou incomplets", ont été reçus, portant à plus de 50 le nombre total d'accusations visant le prêtre.

"L’accumulation des faits désormais connus perpétrés par ce prêtre, qui fut tant admiré, horrifie", peut-on lire dans un communiqué de la Conférence des évêques de France.

"Chaque institution a trouvé son compte dans ce silence"

RMC a recueilli le témoignage anonyme d'une femme qui explique avoir été victime des agissements de l'abbé Pierre. Cette personne, qui préfère rester anonyme, était salariée d'Emmaüs international à partir des années 70. Elle explique que c’est à cette période qu’elle est agressée une première fois par le prêtre.

“Je croise l’abbé Pierre au pied d’un escalier et il se met à me tripoter le sein gauche. Il pose aussi sa tête contre mon épaule gauche. Je me souviens ne pas avoir réagi, ni bougé, ni parlé. Il n’a pas dit un mot non plus”, raconte-t-elle.

Plus de dix ans plus tard, l'abbé Pierre tente, dit-elle, de nouveaux attouchements. Aujourd'hui, elle veut séparer l'homme, l'agresseur, de ses bonnes œuvres, mais elle reste encore dans l’incompréhension: “Comment est-ce que l’abbé Pierre a pu commettre de telles choses? Et il ne l’a pas fait qu’une fois…”

Encore un témoignage, terrifiant, pour sa sœur Véronique Margron, présidente de la "Conférence des religieux de France", la CORREF. Elle dénonce une "conspiration du silence" et souhaite désormais un travail d'enquête.

“Il faut essayer de comprendre les responsabilités des institutions ecclésiastiques, d’Emmaüs, et peut-être bien des autorités de l’État. Chacune a trouvé son compte dans ce silence. Pour moi, il y a quelque chose à aller voir”, dit-elle. Il faudrait, selon elle, que l'Église et Emmaüs analysent leurs archives et repèrent les dysfonctionnements pour que cela ne se produise plus.

Six mois jour pour jour après les premières révélations contre les agissements de l'abbé Pierre, le président de la Conférence des évêques de France, monseigneur Éric de Moulins-Beaufort, sera l'invité d'Apolline de Malherbe. Il reviendra ce vendredi matin sur les nouvelles accusations de violences sexuelles qui visent le prêtre.

Il existe un numéro dédié, le 01 41 83 42 17, créé par la Conférence des évêques de France et la CORREF avec l’association France Victimes avec des professionnels de l’aide aux victimes indépendants.

Guillemette Franquet