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"L'accessibilité n'a pas bougé": les paralympiques mettent les transports de Paris au défi

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À l'approche des Jeux paralympiques, dans moins d'une semaine, seules 29 stations de métro sur deux lignes sont accessibles aux personnes en situation de handicap. Rémy Boullé, athlète en paracanoë, souhaite faire bouger les lignes. Il en parle ce mercredi 21 août dans Apolline Matin sur RMC.

À moins d'une semaine de la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques de Paris 2024, les athlètes finissent de se préparer à cette grande rencontre. Rémy Boullé, para-athlète de canoë-kayak, vise l'or dans sa discipline. Mais il souhaite aussi faire bouger les lignes pour les personnes en situation de handicap en France.

Il a notamment interpellé le président de la République Emmanuel Macron sur l'accessibilité des transports en commun dans la capitale, lors d'une rencontre une semaine plus tôt. Rémy Boullé était l'invité d'Apolline Matin sur RMC pour expliquer sa démarche.

Accessibilité du métro

"L'accessibilité n'a pas bougé", déplore Rémy Boullé. "On a mis 1,5 milliard dans l'assainissement de la Seine, si on avait mis cet argent dans le métro parisien, on aurait rendu pas mal de ligne accessible", ajoute-t-il.

Les dédales de couloirs et escaliers dans des stations le plus souvent dépourvues d'ascenseur, ainsi que les quais non ajustés à la hauteur des rames font du réseau métropolitain un point noir de la mobilité pour les 8 % des 2,1 millions de Parisiens en situation de handicap.

Et à l'approche des Jeux paralympiques, seules 29 stations de métro sur deux lignes (11 et 14) sont accessibles à tous, et les lignes RER nécessitent des réservations ou de se présenter à un guichet pour être accompagné par des agents.

Selon lui, les aménagements auraient profité aux personnes en situation de handicap, mais pas seulement : "ça aurait été aussi utilisé pour les poussettes, les mal-marchants (...), le métro pour tous, sur du long terme", argumente-t-il.

Métro VS Taxi

"Ils ont mis plus de taxis, avec des voies Paris 2024... mais ça nous met toujours un peu à l'écart", continue l'athlète. Le nombre de taxis aménagé est passé de 200 à 1.000 avec les Jeux. "On aimerait prendre le métro plutôt que le taxi, c'est plus rapide".

Nicolas Mérille, conseiller national accessibilité chez APF France handicap, confirme. "C'est une ségrégation qui ne dit pas son nom: les personnes en situation de handicap n'ont pas du tout la même vie quotidienne".

"Nous n'avons le droit à aucune spontanéité", avec "toujours partout des ruptures dans nos déplacements", des obstacles dans la rue ou pour accéder aux établissements recevant du public, mais aussi dans les transports, fait-il valoir.

Dans Apolline Matin, Nicolas Mérille partage l’avis de Remy Boullé. "On a manqué une occasion concernant le métro”, regrette-t-il. “On a un excellent point de comparaison avec la ville de Londres, qui a accueilli les JO en 2012. Le métro londonien est beaucoup plus vieux et plus profond que celui de Paris. Et malgré tout, Londres a pu obtenir 18% de stations accessibles en 2012, contre 9% à Paris". Il admet toutefois que des efforts ont été faits pour les bus et le tramway et que le résultat est plutôt satisfaisant.

Le soir "c'est beaucoup plus compliqué", souligne Karim Mimouni, trésorier du Comité régional Île-de-France handisport: "aller boire un verre" ou même "travailler tard" nécessite d'avoir son véhicule ou de faire appel à un taxi aménagé.

Prochain défi

Début août, la présidente de la Région et de l'autorité organisatrice des transports Île-de-France Mobilités (IDFM), Valérie Pécresse, a annoncé faire de l'accessibilité du métro le "prochain défi" décennal.

L'adjointe chargée de l'accessibilité à la mairie de Paris Lamia El Aaraje, a également assuré que la Ville plaiderait en faveur du chantier après les Jeux et qu'elle était "prête à discuter" avec les partenaires.

"On ne pourra pas mettre le réseau 100 % accessible" du fait de contraintes historiques, prévient Pierre Deniziot, conseiller régional et administrateur d'IDFM, mais "là où on peut, il faut le faire".

Selon la mairie et IDFM, les lignes de tramway et de bus le sont en revanche "à 100 %". Sur le réseau francilien (RER, Intercités, TER), quatre stations sur cinq, accueillant 95 % du trafic, ont été aménagées pour les Jeux, assure IDFM.

Laure-Anne Marxuach avec AFP