"Le jour du décès, j'ai une facture à 9000€": la Sécu devrait-elle rembourser les enterrements?

Quand à la tristesse, s'ajoutent les problèmes financiers. Le député La France insoumise Hadrien Clouet souhaiterait que la sécurité sociale finance les obsèques alors que la mort en France coûte cher, entre 4000 et 5000 euros, montant que les familles n'ont pas toujours les moyens d'avancer.
Nicole, retraitée, en a fait l'amère expérience récemment après le décès de sa mère à l'âge de 91 ans: "Ma mère est morte il y a 3 semaines. Mes parents n’avaient pas d’argent. Et à 91 ans, quand on n’a pas de sous, on n’anticipe pas sa mort et faire un emprunt, ce n’est pas possible", raconte-t-elle ce lundi sur RMC et RMC Story.
"Je suis sortie anéantie"
"Le jour du décès il faut aller aux pompes funèbres, c’est déjà un peu dur. Là il faut choisir entre la pleine terre, du béton, quel caveau, et à la fin, on sort une facture à 9000 euros. Et vous n’avez pas encore mis la dalle sur la tombe, le monument et la pancarte qui va afficher la photo de votre maman et ses dates", poursuit Nicole.
"Je suis sortie avec mon père anéantie. Je suis en train de regarder où je peux trouver un monument pas cher", déplore la retraitée.
Les obsèques "pas une marchandise"
"Les pompes funèbres, c’est un vrai business. Et quand rien n’est prévu, vous prenez ce qu’on vous donne parce qu’on n'avait pas le choix", ajoute Nicole. C'est pour ces raisons que le député LFI Hadrien Clouet veut déposer une proposition de loi autour de la Toussaint. L'élu estime qu'il faut "socialiser le secteur des obsèques, qui n'est pas une marchandise".
C'est aussi ce que préconise le collectif pour une sécurité sociale de la mort. Son président Albin Baudouin explique qu'une naissance est intégralement remboursée alors qu'elle coûte 15.000 euros, trois fois le prix des obsèques: "Au moment d'enterrer un proche on a le droit de penser à autre chose qu'à faire des devis, des choix rationnels. On se retrouve face à une dépense contrainte, même quand on n'en a pas les moyens", déplore-t-il dans les colonnes du Parisien.
L'exemple d'autres pays européens
Dans "Les charognards", un livre consacré au sujet en librairie ce vendredi, ses auteurs dénoncent un business de la mort et une industrie du chagrin, évoquant des tarifs hors de contrôle, des techniques commerciales immorales et une délégation de service public ultra-rentable.
Malgré tout, Nicole ne veut pas voir la sécurité sociale s'en mêler: "Je ne suis pas d’accord pour que la sécurité sociale paie, on n’a pas à payer pour ça". De son côté, Hadrien Clouet veut financer les obsèques des Français "sous la forme d’une cotisation de 0,3 %, pour que l’on n’ait pas à débourser 4 000 à 5 000 euros d’un coup au moment de régler les funérailles".
"Ce serait logique, on finance le début de la vie, pourquoi on ne financerait pas la fin de vie comme dans beaucoup de pays", estime sur le plateau d'Estelle Midi la journaliste Emma Dancourt qui cite l'exemple de la Suède ou de la Belgique. "On a des gens qui sont obligés de faire des emprunts bancaires pour enterrer leurs morts. La mort coûte cher", conclut-elle.
En Belgique, le conjoint ou les héritiers en ligne directe du défunt, peuvent bénéficier d'une indemnité de funérailles correspondant "au dernier montant mensuel brut de la pension de retraite du défunt", un montant plafonné à 3.490,09 euros en 2025, explique le Service fédéral des pensions.