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"Pas de transports, ça enlève un gros stress": les salariés toujours attachés au télétravail

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Alors que les entreprises semblent faire marche arrière sur le nombre de journées allouées au télétravail, les salariés se battent pour préserver ce droit. "Le salarié productif en télétravail travaille souvent plus qu’au bureau", commente Eric Gras, d'Indeed France. Fabien, ingénieur à Paris, remarque le "stress en moins" lorsqu'il ne prend pas les transports.

Une centaine de salariés de la Société Générale ont manifesté jeudi devant le siège du groupe à La Défense. La direction souhaite limiter le télétravail à un seul jour par semaine, contre deux voire plus actuellement. "Nous demandons à ce que la direction revienne sur ce principe strict et rouvre des négociations", a déclaré Jean-Benoît Robitaillie, délégué syndical national CFTC, à l’AFP.

La tendance est là. Certaines grandes entreprises font marche arrière sur le télétravail, au grand damn des salariés, désormais habitués à la pratique grandement démocratisée depuis la crise sanitaire du Covid-19, en 2020. En France, d’autres grands groupes suivent la tendance : selon L’Express, JCDecaux impose désormais quatre jours de présence par semaine, contre trois auparavant. Air France a également relevé ses exigences, avec trois jours minimum sur site pour ses cadres.

11% d'offres en France avec du télétravail

"11 % des offres d’emploi en France affichent le télétravail. Ça n’a pas baissé, c’est relativement stable, mais on n’est pas parmi les meilleurs pays en Europe", commente ce vendredi sur RMC Éric Gras, spécialiste du marché de l’emploi chez Indeed France. Selon lui, les pays qui gagnent en productivité, avec une croissance plus forte que la France, "ont entre 14 et 16 % des offres. On est un peu en retard".

"Le salarié productif en télétravail travaille souvent plus qu'au bureau"

Les idées reçues sur le télétravail sont persistantes, comme l'illustrait Nicolas Sarkozy, qui affirmait que le télétravail, c'est "beaucoup de télé et pas beaucoup de travail". Pourtant, "le salarié productif et bien managé en télétravail travaille souvent plus qu’au bureau. Mais la notion d’efficacité n’est pas la même selon les contextes", argumente Eric Gras.

Sur RMC, Fabien, ingénieur à Paris, défend les avantages du télétravail : "J’habite dans le XVe et je travaille à La Défense. Je me tape une heure le matin et une heure le soir dans les transports. C’est fatigant. Le télétravail me permet de passer outre. À la maison, j’ai un bon set-up avec plusieurs écrans, ça me permet de bien travailler et ça enlève un gros stress." Pour lui, le télétravail est aussi un moyen d’équilibrer vie pro et vie perso : "Je profite de la pause du midi pour aller à un rendez-vous médical, ça ne pose aucun problème tant que le travail est fait."

"Une compétence à part entière"

"Ce qu’il faut avoir en tête, c’est que le télétravail n’est pas possible pour tout le monde. C’est une compétence. Les gens n’ont pas été accompagnés et les managers ne sont pas habitués à former et manager en télétravail." Résultat : certaines entreprises sont passées d’un extrême à l’autre. "Vous aviez zéro journée puis trois journées de télétravail. Il faut réguler, aménager", considère Eric Gras.

L’invité de 13h – Éric Gras, spécialiste du marché de l’emploi chez Indeed : "Il y a peu près 11% des offres d’emplois en France qui affichent le télétravail" - 19/09
L’invité de 13h – Éric Gras, spécialiste du marché de l’emploi chez Indeed : "Il y a peu près 11% des offres d’emplois en France qui affichent le télétravail" - 19/09
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"La notion de vie au bureau, ok. Mais si c’est pour être derrière un écran comme chez moi, je ne vais pas être efficace. Je perds du temps dans les transports. Économiquement, écologiquement et en termes de fatigue, je ne vois pas l’intérêt." En revanche, "revenir pour travailler en collectif, échanger avec les collègues dans de bonnes conditions, là oui, il y a du sens".

"Equilibre entre vie de famille et vie pro"

Les salariés de la Société Générale dénoncent une forme de défiance. "Il y a une suspicion que les salariés ne font rien chez eux", regrette Noura Amar, employée depuis vingt ans. "Or on a tous réussi à tenir le bateau pendant le Covid." Un soupçon loin d'être isolé puisque comme le rapporte Les Échos, la plus grande banque brésilienne, Itaú, a licencié mille salariés jugés insuffisamment productifs en télétravail, après une "évaluation minutieuse des conduites".

Pour Jean-Philippe Doux, chroniqueur d'Estelle Midi, le télétravail a transformé durablement l’équilibre de vie de nombreux Français : "Je suis entouré de cadres qui ont quitté Paris pour s’installer dans mon village, près d'Aix-en-Provence. Ce ne sont pas des gens qui travaillent moins, ils travaillent différemment. Ils ont trouvé un meilleur équilibre entre vie de famille et vie professionnelle."

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