Des gagnants, le télétravail en ultime recours... Quel est l'impact de la grève sur l’économie?

La grève de ce jeudi s’annonce très suivie, notamment dans les transports et les services publics. Et forcément, elle pose la question de son coût économique pour le pays. Ces mobilisations traditionnelles, pilotées par les syndicats, entraînent généralement des taux de grévistes élevés et un ralentissement significatif de l’activité.
Avant la crise du Covid, ce type de journée pouvait coûter jusqu’à un milliard d’euros à l’économie française. Cela représentait une baisse d’environ 8 à 10% de l’activité par rapport à une journée normale. Mais cette estimation date d’avant 2020. Car depuis, un élément a tout changé: le télétravail.
Le télétravail, facteur clé dans l’évolution de l’impact économique
Avant la crise sanitaire, le télétravail existait en France mais restait marginal : seuls 3 % des salariés y avaient recours. Aujourd’hui, ce chiffre atteint 30%, et grimpe jusqu’à 40% les jours de grève. Prenons un exemple concret: le quartier d’affaires de La Défense, à Paris, qui regroupe près de 200.000 salariés, parmi les plus productifs du pays.
Avant le télétravail, ces salariés seraient restés chez eux sans travailler les jours de grève. Aujourd’hui, ils restent chez eux… mais continuent de travailler. Conséquence: selon l’OFCE, le télétravail peut réduire jusqu’à 30% l’impact économique des grèves, notamment celles liées aux transports.
Des secteurs toujours fortement touchés
Malgré cette nouvelle capacité d’adaptation, certaines entreprises continuent de subir de lourdes pertes. La SNCF, par exemple, estime que la journée de grève pourrait lui coûter entre 20 et 25 millions d’euros. La RATP table sur 3 à 4 millions de pertes. Le secteur du transport aérien peut, lui, perdre entre 5 et 10 millions d’euros, selon le niveau de perturbation.
Les entreprises où le télétravail n’est pas possible restent les plus touchées : transports, industries, certaines chaînes logistiques ou encore les établissements recevant du public.
Des gagnants… malgré la grève
En parallèle, certains secteurs profitent pleinement de la situation. Les fournisseurs de mobilité alternative enregistrent souvent des pics de demande. À Paris, les vélos, trottinettes, scooters en libre-service, taxis, VTC ou encore Blablacar voient leur activité augmenter jusqu’à 50 %.
Même constat pour les entreprises de livraison à domicile comme Uber Eats ou Deliveroo, très sollicitées lorsque les gens évitent les déplacements. Certains commerces de proximité en tirent aussi profit, notamment dans les zones moins impactées par la grève.