Les Français boudent-ils les restaurants? "On fait un petit peu plus attention"

Les Français boudent-ils les restaurants? Selon l'UMIH, le syndicat des restaurateurs, leur fréquentation est en baisse de 15 voire 20% par rapport à l'été dernier. Pour y faire face, une tribune signée par une soixantaine de chefs a été publiée aux Echos le 24 juillet dernier comme un cri d'alerte pour sauver la gastronomie et faire d'elle une exception française.
Les restaurateurs sont-ils en cause, ou les Français sont-ils toujours plus économes? Trois pistes peuvent expliquer en partie cette baisse de fréquentation. D'abord le prix jugé élevé, mais aussi la qualité qui a baissé dans certaines adresses, et enfin un service parfois jugé médiocre.
Une question de prix
RMC est allé poser la question sur la Grand'Place de Lille. François arrive de Paris pour le weekend. Il compte étudier le prix des menus des restaurants de la Grand'Place avant de s'assoir: "On a vite des salades à 20 ou 25 euros, ce n'est pas possible".
Pour Franck Chaumès, président de l'UMIH restauration, ces tarifs qui augmentent sont avant tout la conséquence des coûts de production qui explosent et d'un pouvoir d'achat trop faible pour les Français. "On les voit passer devant nos terrasses, et on voit que c‘est une question de prix, mais c’est le coût de production qui ne va pas, on peut pas vendre à perte", explique-t-il sur RMC.
"Les producteurs augmentent leurs tarifs car ils ont des coûts de productions énormes, on ne peut pas faire autrement qu’augmenter les prix", détaille Franck Chaumès.
"Ce n'est pas notre envie"
Autre point que François recherche : un bon accueil: "On va pas dans les grands bars où on risque de tomber sur des serveurs désagréables. Ce n'est pas notre envie quand on se déplace quelque part".
Benoit vient lui de Liège avec sa famille. Ils s'attablent sur une des nombreuses terrasses baignées par le soleil. Une pause évidente, mais le quadragénaire reconnaît ne plus s'installer aussi facilement à la table d'un restaurant qu'avant: "on fait un petit peu plus attention".
"Le rapport qualité-prix devient de plus en plus discutable, surtout pour les restaurants les plus basiques, mais ça nous empêche pas d'y aller régulièrement", poursuit-il.
Ils sont de moins en moins nombreux comme Benoit. Car, pendant les vacances, il faut diviser tous les coûts, explique Franck Chaumès: "D'abord, ils faut se loger dans un hôtel ou camping, mais il faut aussi se restaurer, 3 fois par jour. Et enfin il y a les loisirs".
Conclusion: "on arbitre ses dépenses, on se nourrit différemment. Et si on a pas les moyens, on va en restauration rapide, ou grande surface".
10 ou 15% en moins
Jonathan, le responsable de salle de ce restaurant, a constaté une baisse de fréquentation par rapport à l'été dernier: "On a 10 ou 15% en moins quand même par rapport à l'année dernière". Il comprend les critiques des clients et pointe du doigt certains restaurateurs.
"C'est vrai qu'il y a des restaurateurs qui n'ont aucun scrupule à mentir sur leurs marchandises donc oui je comprends leur ressenti", souffle-t-il.
Et puis, cela devient compliqué de toujours innover, soulève Franck Chaumès: "on ne peut pas se réinventer en permanence. En parallèle on nous dit d'acheter français et local, c’est dans nos intentions de mettre 100% de produits frais et locaux, mais on ne peut pas, pourtant on est proches de nos producteurs".
Et il le voit venir: "la restauration française va dégringoler petit à petit, on était au premier rang mondial et là on est passé 4ème, on ne peut pas tout faire". Ce "nouveau monde qu’on demande va nous amener dans une restauration semi industrielle, c’est dramatique", se résigne le gérand de restaurant.
Et c'est toute lafilière qui s'inquiète, alors que 25 restaurants ferment chaque jour en moyenne en France. Alors pour Franck Chaumès, il y a urgence: "il faut qu’on aille le plus vite possible autour d’une table avec le gouvernement, pour redonner du pouvoir d’achat aux Français, et reporter le montant de nos charges en direction du personnel".