"Les Français ne parlent que français, car c’est la dernière chose qu’il leur reste": l’avis tranché d’Arthur Chevallier

D’après une étude, seuls 23% des Français se sentent à l’aise à l’oral quand il parle une autre langue. Et pour l’écrivain et éditeur Arthur Chevallier, si les Français s’accrochent à leur langue, c’est parce que c’est la dernière chose qu’il leur reste. C’est son avis tranché dans "Apolline Matin", ce vendredi sur RMC.

Les Français ne parlent que français. C’est tellement connu qu’on se moque de nous dans le monde entier. Les Français sont les irréductibles gaulois de la mondialisation: on ne veut pas faire l’effort de s’adresser aux autres dans leur langue, on parle anglais avec un accent pas possible, et on se permet même de râler quand, à l’étranger, personne ne parle français. De tous les clichés sur nous, c’est de loin le plus vrai. C’est clairement la matière où on progresse le moins vite.

D’ailleurs, même les hommes politiques français sont connus pour être incapables de parler autre chose que français. Et de ce point de vue, ils sont tous plus nuls les uns que les autres. Souvenez-vous de ces séquences mémorables: François Hollande, président, en déplacement aux Philippines, qui prononce le désormais célèbre “Be you, be proud of you because you can be do what we want to do”.

Mais le plus ridicule, c’était bien Jean-Marc Ayrault quand il était Premier ministre. Son vrai métier, c’est prof d’allemand. On s’était dit: génial, enfin quelqu’un qui va pouvoir séduire Angela Merkel. Alors, l’idée n’était pas mauvaise, jusqu’au jour où il a vraiment dû se mettre à parler allemand: il a confondu deux mots et à qualifier la relation franco-allemande “d’effroyable” au lieu de “fructueuse”.

L'avis tranché d'Arthur Chevallier : "Les Français ne parlent que français !" - 27/09

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Mais d’où ça vient ce handicap en langue étrangère?

Ce handicap est plutôt récent. Nos rois apprenaient beaucoup de langues. Exemple avec Louis XVI qui parlait l’anglais, l’italien, l’allemand, et même un peu d’espagnol. À l’époque, au sein de la noblesse, il fallait parler les principales langues européennes. Ils avaient d’autant plus de mérite que tout le monde parlait français, beaucoup plus qu’aujourd’hui. C’était même la langue la plus chic.

En Russie, à la cour du tsar, on parlait français. Et du XVIIe au XIXe siècle, le français a été la principale langue de la diplomatie. La plupart des traités étaient écrits dans notre langue. Souvenez-vous aussi du général de Gaulle, qui faisait l’effort de parler la langue des pays où il voyageait, et qui était même capable, lui, de faire des discours en allemand.

Aujourd’hui, la seule chose qui reste à la France de sa puissance, c’est sa langue. On parle français sur le continent américain, au Canada et au Québec, dans beaucoup de pays d’Afrique, au Proche-Orient, notamment au Liban. On appelle ça la francophonie, et souvenez-vous, c’était l’obsession d’Emmanuel Macron au début de son mandat.

Il voulait faire du français la langue la plus parlée du monde. On est finalement 5ᵉ du classement. En comparaison de nos performances dans d’autres domaines, ce n'est pas si mal. Alors, on comprend mieux les Français: continuer à parler leur langue, au fond, pour eux, c’est une façon de ne pas mourir.

Arthur Chevallier