Macron estime que la France vit dans un "sentiment d'insécurité": que disent les chiffres officiels?

Interrogé sur la sécurité, Emmanuel Macron a estimé lors d'un déplacement dans le Lot que la société était de plus en plus violente et que l'on vivrait dans le pays dans un "sentiment d'insécurité".

La société est "de plus en plus violente". Les mots sont signés du président de la République jeudi en marge d'un déplacement dans le Lot. La dégradation est "très nette" estime Emmanuel Macron, la nation vivrait dans un "sentiment d'insécurité".

Lors d'échanges avec des citoyens, le chef de l'Etat a été interrogé à plusieurs reprises sur la sécurité, l'un des thèmes majeurs de la prochaine campagne présidentielle.

La société est-elle vraiment de plus en plus violente ?

Une sortie médiatique qui intervient après plusieurs faits divers sordides: de multiples féminicides, dont certains en pleine rue, des violences régulières contre les forces de l'ordre aussi ou encore des rixes et règlements de comptes entre bandes. Des faits divers qui ont fait beaucoup de bruit.

Une sortie sur l'insécurité, et une question: si on regarde les chiffres de la délinquance en France, est ce que le Président a raison ? La société est-elle vraiment de plus en plus violente ?

Une société plus violente en tout cas contre les forces de l'ordre. Les agressions de policiers ont doublé en vingt ans, d'après les chiffres du ministère de l'Intérieur.

Il y a chaque année entre 800 et 900 personnes tuées: il s'agit du nombre d'homicides, qui est globalement stable depuis 2015, une année marquée par les attentats de Paris.

Augmentation des plaintes, mais est-ce vraiment lié à une augmentation des actes?

Les plaintes déposées pour coups et blessures, elles, ont vu leur nombre exploser depuis 2008. 198.000 à l'époque, 260.000 l'année dernière. Explosion aussi du nombre de violences sexuelles. Elles ont plus que doublé depuis 2012.

Mais pour certains experts, ces augmentations cachent une autre réalité : il n'y en a pas forcément plus. Mais elles sont mieux dénoncées aujourd'hui. D'ailleurs, les enquêtes de victimation, elles, ces études demandant à la population si elle a été victime de violences, montrent un léger recul des agressions physiques depuis le milieu des années 2000.

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Alain Bauer, criminologue, dans Apolline Matin: "Le "sentiment d'insécurité", ça n'existe pas"

"Il n'y a pas d'outil qui permet de mesurer exactement la violence. Tous les gouvernements minimisent la problématique de la violence. Il y a un climat d'insécurité structuré autour des violences sur les personnes. Le "sentiment d'insécurité", ça n'existe pas. L'insécurité n'est pas un sentiment, c'est quelque chose de rationnel. Il y a un état historique de dégradation de la vie sociale."

Martin Bourdin (avec J.A.)