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Moissons: la récolte de blé en hausse, mais des agriculteurs qui pourraient gagner "moins que le Smic"

Un champ de blé à Octeville-sur-Mer (Seine-Maritime), le 29 juillet 2024 (photo d'illustration).

Un champ de blé à Octeville-sur-Mer (Seine-Maritime), le 29 juillet 2024 (photo d'illustration). - LOU BENOIST / AFP

Si la qualité et la quantité de blé sont particulièrement positives cette année, les agriculteurs ne devraient pas y trouver leur compte. Le marché mondial impose encore des prix de vente bien trop bas.

Avec le peu de précipitations et la quantité de soleil enregistrés dans le Nord, la récolte du blé a déjà bien avancé et les rendements sont très bons en matière de quantité et de qualité.

Près de 9,5 tonnes par hectare ont été récoltées cette année, contre 7 tonnes l'année dernière.

Devant ses 500 ballots de paille qu'il faut désormais ranger, Adrien, agriculteur, a le sourire. "On a récolté 170 tonnes. On est peut-être cette année sur 15% de plus par rapport à la normale, et à plus de 45% par rapport à l'année dernière", se réjouit-il au micro de RMC.

L'intégrale d'Anaïs Matin du dimanche 20 juillet 2025
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Un bon rendement qu'il explique en bonne partie par la météo. Peu de pluie a été enregistrée au moment de la floraison. "On va dire qu'on a eu les éléments favorables au bon moment", ajoute Adrien.

Des prix de vente limités

Cependant, la récolte d'un céréale de qualité n'indique pas nécessairement un prix en hausse. Le marché mondial risque en effet de limiter les prix de vente. A la mi-juillet, une tonne rapportait en moyenne 180 euros, loin des records de 2022 où le blé pouvait se vendre à plus de 300 euros la tonne.

"On serait à l'équilibre, mais pas beaucoup plus", constate Adrien.

Le prix attribué à la tonne est fixé en fonction du marché mondial où la production est importante cette année. Ce qui alerte Maxime Thuillier, directeur Céréales de la coopérative Uneal, qui réalise quelques calculs.

"Cette année, si un agriculteur vend son blé au prix du jour, soit 180 euros la tonne, sur une ferme typique de notre territoire qui a 50 hectares de blé, il va rester 7.000 euros à l'agriculteur pour toute son année, c'est-à-dire moins de 600 euros par mois", détaille-t-il.

Il poursuit: "Si jamais les espèces cultivées autre que le blé ne rapportent pas plus que le blé, un agriculteur gagnera finalement moins que le Smic, malgré de très bons rendements".

La bonne nouvelle est que la qualité du blé récolté cette année pourrait permettre d'étendre le marché. Les agriculteurs pourraient en vendre à de nouveaux pays aux exigences élevées, comme la Tunisie.

Vincent Vieillard avec Mélanie Hennebique