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Notre-Dame-des-Landes: "Le pire peut arriver"

Les opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) se sont donnés rendez-vous samedi sur le site, dans le bocage nantais, pour une manifestation "massive" en réponse à la menace d'évacuation par les forces de l'ordre de la ZAD et de ses occupants illégaux.

Ce samedi sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, le "chant des bâtons" va résonner. En effet, plusieurs milliers de personnes, opposées à la construction de l'aéroport, sont appelées à converger vers la ZAD en clamant le slogan: "Que résonnent les chants de nos bâtons." Symboliquement, chacun va donc venir avec son bâton pour le mettre "dans les rouages du système." En cas d'intervention des forces de l'ordre, des militants ont déjà prévu un plan: construire un hangar pour s'y replier.

Zadistes, élus opposés au projet, simples citoyens, agriculteurs qui vivent sur le site, associations, tous savent que ce combat, qui dure depuis 40 ans, est en train de connaitre un tournant. Le 14 septembre dernier, le préfet de Loire-Atlantique a publié deux arrêtés qui manquaient jusque-là pour lancer réellement les travaux.

"Cette lutte est indéracinable"

"Le message est de dire nous sommes là et nous serons là, explique Camille, un habitant de la ZAD prêt à défendre le lieu coûte que coûte. Nous plantons nos bâtons aujourd'hui dans le sol de Notre-Dame-des-Landes et si vous venez attaquer la ZAD il y aura, à nouveau, des dizaines de milliers de personnes qui viendront reprendre leur bâton et être présent sur le terrain et résisteront ensemble".

"En clair, on manifeste pour dire qu'on ne se laissera pas faire, insiste-t-il. Des médecins se sont engagés à être là pour soigner d'éventuels blessés, des grimpeurs pour monter dans les arbres en cas d'attaque, des agriculteurs qui mettront en jeu leur tracteur,… On a l'impression aujourd'hui que cette lutte est indéracinable".

"Ils ne sont pas près de gagner la bataille"

"On est sur nos gardes, dans les starting-blocks, prêts à bouger en disant 'Si vous nous casser tout, on ne sera pas d'accord', affirme Sylvain Fresneau, agriculteur de 54 ans dont la ferme est sur la zone. Mon père est né là, mon grand-père et mon arrière-grand-père aussi donc ils ne sont pas près de gagner la bataille".

"Des milliers de gens vont venir pacifiquement, assure Françoise Verchère, à la tête du collectif des élus opposés au projet d’aéroport. Mais pacifisme ne veut pas dire que l'on accepte n'importe quoi. Je pense vraiment que le pire peut arriver. Ce gouvernement est capable de tout et je pense qu'il est capable aussi d'utiliser une violence disproportionnée". Et de s'interroger: "Comment est-ce qu'un gouvernement, qui se dite encore de gauche, pourrait envoyer les forces de l'ordre sur la ZAD le mois anniversaire de la mort de Rémi Fraisse (militant écologiste mort le 26 octobre 2014 sur la ZD du Testet (Tarn), ndlr)?"

M.R avec Anaïs Denet