"On dirait La Poste", "à force de simplifier"... La nouvelle enseigne des marchands de presse décriée

Un nouveau logo "plume" pour les marchands de presse! La fameuse enseigne jaune et rouge sera bientôt de l'histoire ancienne. Le ministère de la Culture a dévoilé celle qui ornera progressivement les facades des professionnels. Problème: elle ne semble guère faire l'unanimité.

"Depuis 1950, l'enseigne "plume" identifie les marchands de presse. Elle se réinvente en 2025, accompagnant les transformations du métier", annoncait le 6 mars le ministère de la Culture sur le réseau social X.

Sans se douter du torrent de commentaires qui allait déferler, et pour la plupart très critiques. "Personne ne l'a demandé. Ce logo pouvait être vu depuis une grande distance avec son aspect jaune et surtout le rouge, là on voit rien", peut-on lire. "Vous n’avez pas d’autres dépenses plus essentielles ?, s'interroge un autre.

"Ça représente quoi?

Une nouvelle enseigne qui se veut plus moderne et identifiable, mais est-ce vraiment le cas? Devant le marchand de journaux, Pierre lève la tête et voit l’ancienne enseigne de la maison de la presse, avec sa fameuse plume rouge sur fond jaune. Curieux, il décide de découvrir le nouveau design sur internet. "Ah oui, il n'est pas... Je préférais l'ancien. Ça représente quoi?", s'interroge-t-il, amusé. Ce n'est pas très explicite!"

La plume est désormais verticale, en acier, couleur grise. À droite, à la verticale également est écrit le mot presse. Le jaune est toujours présent mais pas exactement la même teinte. Ce nouveau desing a été conçu par un trio de designers à l'issue d'un appel d'offres lancé en 2022. Pas de quoi convaincre cette autre cliente. "Il n'y a plus le rouge. Je ne vois pas une plume. Pour écrire, ce n'est pas vertical. À force de simplifier, ça ne dit plus que ce ça veut dire... On dirait La Poste", ironise-t-elle.

Une voix dissonnante, malgré tout. "Il n'y a pas que du mauvais", tempère Nina, étudiante. "La typographie est lisible", assure-t-elle.

Qu'en pensent les marchands de presse? Laura, co-gérante d’un tabac-presse, n'apprécie guère cette nouvelle enseigne. Selon elle, il y a d'autres priorités. "Il fallait dépenser autre chose que dans une enseigne. Le prix de la presse augmente tous les ans. On voit les clients partir petit à petit. Ce n'est pas une nouvelle enseigne qui va faire les choses...", constate-elle, amère. Ce changement intervient en pleine crise du secteur, puisque le nombre de marchands de presse a chuté de 35% en France en vingt ans. 

"Il était essentiel de repenser cet emblème", défend Rachida Dati

Deux jours plus tard, le ministère de la Culture décide de répondre sur X, le 8 mars: "La nouvelle plume, demandée par les marchands de presse, est une enseigne modernisée et écologique, issue d’un appel à projet transparent. Elle ne génère aucun surcoût. Le secteur de la presse a par ailleurs contribué à l’effort d’économie à hauteur de 15 M€", fait-il savoir. Selon Culture Presse, l'organisation professionnelle qui représente le secteur, le nouveau design a "été choisi en collaboration" avec les principaux concernés.

"Face aux défis auxquels est confronté le secteur – évolution des usages, transition numérique, nécessité de modernisation –, il était essentiel de repenser cet emblème pour accompagner la transformation du métier", estime Rachida Dati, citée par l'AFP.

Jusqu'à 90% du prix d'acquisition subventionné

Jusqu'à 90% de son prix d'acquisition pourra être pris en charge par des subventions publiques, indique le ministère. "Pour l’enseigne, le taux de prise en charge a été bonifié de 20 points pour 2025 et 2026, passant de 80% en zone urbaine et jusqu’à 90% en zone rurale", précise-t-il également.

Pierre Bourgès avec Léo Manson